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8.5/10Small Favors

/ Critique - écrit par Maixent, le 28/02/2012
Notre verdict : 8.5/10 - Girly porno comic book (Fiche technique)

Tags : eur achat favors small book coover colleen

Étrangement, l’homosexualité féminine est un thème récurrent de la bande dessinée et même s’il n’est pas le plus connu du grand public, il existe pléthore d’ouvrages plus ou moins obscurs traitant de ce sujet. Sans parler de la bande dessinée érotique qui se sert de jeux entre filles pour exciter un lectorat masculin, elle est le plus souvent le fruit d’une œuvre contestataire visant à mieux faire connaître une communauté et en apprécier les spécificités ou tout simplement un témoignage de la vie de tous les jours. Ainsi il y aura d’un côté Gladys & Monique ou encore Magenta qui proposeront un dessin très esthétisant propre à susciter le désir, et autres ouvrages plus ou moins pornographiques et caricaturaux.  De l’autre des récits beaucoup plus profonds comme Fun Home, récit autobiographique proche de la graphic novel, riche et introspectif ou encore Le Bleu est une couleur chaude. On trouve aussi des témoignages plus ou moins glorieux présentant une sexualité libre et décomplexée comme BabyDoll Diary.


Galipettes
Ici nous nous nous situons un peu entre les deux, plus proche des Aventures d’une étudiante lesbienne qui offre à voir une sexualité gourmande et exubérante où polissonneries rime avec espiègleries. Small Favors est clairement dans cette mouvance mais va encore plus loin, se réappropriant les codes de l’underground américain pour parvenir à une œuvre engagée et contestataire malgré son ton badin.

Du point de vue formel, on est proche du comics, Small Favors ayant été publié à l’origine sous la forme de sept comic books. On retrouve l’effet série, avec une continuité dans les personnages et un approfondissement de l’intrigue. Le découpage en mini-albums qui s’ouvrent sur la couverture originale pourrait rappeler les aventures des Fantastic Four mais ici les super-héroïnes ont surtout le pouvoir de se donner du plaisir, bien que Nibbil soit capable de changer de taille à loisir tel Ant-Man. La ligne claire, ronde et accueillante, légèrement
Entre copines
enfantine bien que réaliste, est plus proche du fanzine, loin des effets graphiques ampoulés et des poses surannées des personnages que l’on peut trouver dans les comics de super-héros, ce qui ne veut pas dire que le dessin n’est pas traité avec
soin et chaque plan et attitude réfléchis et extrêmement bien rendus. L’utilisation de jeux graphiques comme l’utilisation des phylactères par les personnages pour faire avancer l’intrigue ou encore la connivence instaurée avec le lecteur par le biais d’allusions directes contribuent également de cet effet sémillant, formant un tout original, une manière de traiter le sujet particulièrement bien choisie et mettant en avant le fond.

L’histoire commence comme une version érotisée d’Alice au Pays des Merveilles. Annie rêve de sa jolie voisine jusqu’à tomber dans le terrier de sa conscience où la reine lui impose une gardienne cosmique pour surveiller cette petite dévergondée ayant fait usage à seulement 21
That's all folks
ans de toute son allocation de masturbation pour toute la vie. Or la jeune Nibbil, sorte de fée clochette facétieuse n’est rien d’autre qu’une petite coquine qui, bien loin d’empêcher Annie d’assouvir ses envies, va devenir une compagne de jeu à l’imagination débordante. À ce duo facétieux et plein de vie s’adjoindront par la suite d’autres partenaires, Saga, Janus et Yuroko, toujours dans la bonne humeur pour plus de plaisir.

Small Favors donne à voir une sexualité épanouie qui, si elle est exclusivement féminine, n’est pas pour autant circonscrite. Tout est mignon même si les filles vivent une sexualité hard et sans limite où les fessées et l’introduction d’éléments étrangers dans leur corps est monnaie courante. La lecture joyeuse, les saynètes originales et malicieuses mettent en avant l’amour véritable des protagonistes, véritable enjeu de l’album. Colleen Coover tend à mettre en avant une sexualité joyeuse passant par le jeu, où tout est possible tant qu’il y a de l’amour. Cette vision un peu naïve ne sombre cependant pas dans la mièvrerie et au final on a un album réellement original, non pas au niveau du scénario simpliste mais au niveau de la liberté de ton, qui redonne le sourire à l’image des héroïnes toujours gaies.