Babydoll Diary - Cahier 1 - 1993-2000
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 29/10/2010 (Tags : babydoll cahier diary julie livres livre jeux
Du sexe et encore du sexe, mais sans excitation et sans transcender le genre de quelque manière que ce soit... En résumé, un gros fourre-tout inutile.
La bd contemporaine, à l'instar de la littérature ou du cinéma, a tendance à se tourner vers l'intime. Ainsi nous retrouvons pléthore de témoignages issus de journaux intimes retranscrits avec plus ou moins de convictions, et mettant en avant des personnages un peu décalés par rapport au monde, un peu largués, qui vivent mollement entre des moments de souffrance inextinguible et des plaisirs fugaces mais intenses.
extase 1Babydoll Diary participe de cette mouvance intello-chiante, légèrement choquante mais pas trop quand même, parlant de sexe mais surtout de son absence et de fantasmes, avec des scènes se voulant crues mais n'outrepassant en rien la morale petite bourgeoise. En témoigne l'accroche en quatrième de couverture, « Je m'appelle Julie Ka, j'ai 37 ans, je suis directrice artistique d'une maison de haute couture... Ca fait six mois que je n'ai pas fait l'amour... Mais aujourd'hui, enfin, JE BAISE ! ». Décryptage : L'héroïne est donc une femme avec un nom exotique histoire de faire rêver un petit peu et un prénom banalement français pour que l'on ne s'envole pas trop non plus. 37 ans. Ok, cela va changer un peu de voir des dessins de femme un peu mûre, avec ses défauts, avec sans doute une psychologie plus évoluée qu'une gamine de 20 ans. Mais tout l'album est un flash-back de Julie révélant les folies de ses 20 ans justement. Forcément, elle fait un métier hype, ce qui justifie sans doute son côté bisexuel et partouzard. Et je ne m'attarderai pas sur le final honteux écrit en lettres capitales pour que l'on comprenne bien qu'il va y avoir du cul, donc que ce sera un super bouquin.
Philippe Sherding dit que Babydoll Diary est né du témoignage de Julie Ka, et que,
extase 2fasciné par son histoire, il l'aurait mise en image. Pourquoi pas. Mais est-il besoin de rappeler, que toute vie ne mérite pas d'être racontée ? Je sais qu'à l'aire du blog où chacun se doit de dévoiler sa vie intime, on trouve fascinant des actes qui sortent un peu de l'ordinaire en étant cependant ancrée dans une réalité qui ne nous fera pas trop peur. Mais ce n'est pas parce qu'on a une vie sexuelle dissolue (pour ma part, je dirais seulement « épanouie ») qu'il faut la balancer à la face de tous et oublier au passage la portée artistique, que ce soit dans la tournure des phrases ou des dessins de qualité, qui transforment une scène de cul en quelque chose de satisfaisant intellectuellement. Certains y arrivent avec finesse comme Aurélia Aurita, mais la plupart se contentent de balancer des platitudes qui, si elles ont certes bouleversé leur vie, n'en restent pas moins négligeables du point de vue culturel.
extase 3Ici, tout est lisse. Babydoll Diary n'est pas un mauvais album en soi mais tellement plat, et n'apportant absolument rien de nouveau. Le dessin est bâclé avec des grands aplats de couleurs et des arrondis disproportionnés qui, loin de donner plus de mouvement au dessin comme pour ceux de Coyote par exemple, le rendent au contraire plus figé. Toujours au niveau des dessins, l'héroïne n'a qu'une seule expression pour exprimer son plaisir qui se répète de page en page, à noter que ses copines ont aussi la même expression et que peu de choses différencient un personnage d'un autre. L'histoire en elle-même ne rattrape pas cette faiblesse. Julie nous raconte, elle a 20 ans et vit librement sa sexualité aussi bien avec des filles que des garçons. Cette petite effrontée se ballade le plus souvent sans culotte et est à demi-espionne avant de retourner chez sa mère avec laquelle elle partagera un amant dans un tour de passe-passe au détriment de ce dernier. Bien sûr, l'album se clôt sur une partouze et est entrecoupé de scènes fantasmatiques plus ou moins clichées. En résumé, un gros fourre-tout inutile.