8/10Secrets : L'Angélus - Tome 1

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/06/2010
Notre verdict : 8/10 - Un coup de Millet (Fiche technique)

Tags : giroud secrets angelus tome frank homs collection

La série des Secrets connaît des hauts et des bas, au gré de l'inspiration de Frank Giroud et de la patte de ses dessinateurs. Cette histoire-ci, mélange de drame familial et d'enquête sur le monde de l'art, est particulièrement prenante et réussie.

L'infatigable Frank Giroud continue à signer scénario sur scénario pour Dupuis et Glénat, offrant du boulot à une palanquée de dessinateurs pas toujours connus. Cette fois, c'est un certain José Homs qui officie, faisant bénéficier une histoire particulièrement prenante de son trait expressif et maîtrisé.


Clovis, père de famille timide et effacé, se pique d'une petite visite au musée lors d'un déplacement à Paris. En découvrant le tableau de Jean-François Millet L'Angélus, il est pris d'une violente émotion et écope quasiment d'un malaise. Pourquoi cette simple toile lui ferait-elle un effet aussi brutal ? Décidant d'aller au fond de la question, Clovis se trouve embarqué dans une quête obsédante qui pourrait bien le mener à de sombres secrets sur ses propres origines...

Le thème des révélations familiales embarrassantes, exploré par Giroud tout au long des Secrets, semble décidément aussi inépuisable que propice à l'abordage de différents univers : loin du récit d'aventure que constituait Samsara, L'Angélus retourne à la peinture, un domaine déjà abordé dans L'écorché de façon bien sinistre. Ici, il est question d'une toile de maître existant réellement, ce qui permettra au lecteur un peu curieux de faire ses propres recherches sur l'histoire de l'œuvre... A l'instar du récit, qui emmène Clovis sur un terrain apparemment public (la peinture) pour le pousser à découvrir ce qui lui a probablement été caché dans son enfance. Accumulant les indices (rapprochement psychanalytique entre noms propres et noms communs, recherche des éléments qui pourraient avoir une importance dans le tableau...), ce premier tome dresse un portrait
sensible et complexe d'un personnage en crise, entouré d'un environnement quotidien qui le perturbe : des enfants adolescents et hostiles, une femme avec qui les relations sont devenues bien fades, une jolie professeur d'arts plastiques dont la conversation s'avère stimulante... Clovis fabrique à son tour ses propres secrets, qui risquent de l'éloigner de sa famille.

Les auteurs jouent habilement sur le double tableau de l'intellectuel (résolution d'un mystère) et de l'affectif (le personnage suscite une réelle empathie, et ne se résume pas à la liste de ses problèmes). Au terme de cette première partie, on a réuni autant de suppositions et d'espoirs que de doutes et d'angoisses, et c'est avec frustration qu'on referme l'album sans avoir la possibilité de connaître le fin mot de l'histoire... Patience, le deuxième et dernier tome ne devrait pas être bien loin derrière.