5.5/10Sarkorama

/ Critique - écrit par riffhifi, le 28/02/2008
Notre verdict : 5.5/10 - Sarco & Ko (Fiche technique)

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Rien ne se périme plus vite que les dessins d'actualité, et Pétillon croque Sarkozy avec trop peu de mordant pour que l'hilarité soit au rendez-vous.

Depuis quelques mois, la France est gouvernée par un curieux petit homme qui épouse des chanteuses et insulte gaiement les gens qui refusent de lui serrer la main. Une personnalité si forte, si atypique, que les humoristes et caricaturistes de tout poil se sont fait un plaisir de mettre en scène l'individu, dans tout ce qu'il possède de charismatique, de détestable, de surprenant ou de critiquable. Dans Le Canard Enchaîné, journal du franc-parler politique et de l'humour total, Pétillon crobarde toutes les semaines un dessin d'actualité, et Dargaud se fait fort de compiler les dits dessins : dans le précédent tome, intitulé J'y suis, on retrouvait la campagne présidentielle et l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Cette fois, dans Sarkorama, ce sont les six premiers mois de son mandat qui sont retracés à travers les dessins hebdomadaires du dessinateur.

Vain Pétillon ?

95 dessins datés de juin 2007 à janvier 2008, parmi lesquels on compte quelques inédits, se suivent à raison de un par page, dans un petit format sympathique à emmener sur la plage (comment ça, on est en hiver ?). Chacun est encadré d'un Sarko volontariste
titre et d'un court texte qui replacent le dessin dans son contexte : une heureuse initiative de la part de Pétillon, qui le distingue de ses collègues Plantu ou feu Jacques Faizant et permet de savoir au fur et à mesure ce que le dessin entend égratigner. Heureuse en apparence du moins, car là où le bât blesse, c'est que les gags de Pétillon fonctionnent bien mieux comme accompagnement d'un texte humoristique qu'en solo. Pire : soulignés d'un texte trop neutre et factuel comme c'est le cas ici, ils tombent souvent cruellement à plat, comme une blague de trente secondes qu'il faut expliquer à son interlocuteur pendant cinq minutes pour qu'il en comprenne la portée comique.

Pétillon, pourtant, a su capturer l'essence de Sarkozy avec justesse ; mais comme il le dit lui-même, le Président a une telle personnalité que toute caricature prend le risque de paraître moins extrême que son modèle ! En clair, Sarkozy est probablement plus drôle (en fonction de l'humour qu'on a et de l'opinion qu'on lui porte, bien entendu) que les détournements comiques tentés sur sa personne et ses actes.

Pas trop agressif, pas très engagé, Pétillon effleure le personnage en essayant plus de lui rendre justice (pas en lui cirant les pompes, mais en le représentant avec justesse) que de proposer un véritable discours ou une attaque. Le résultat est un peu mou, souvent amusant mais jamais hilarant, mais permet d'avoir un historique de ces six premiers mois de Sarkoland de façon détendue et informelle.