ATTENTION : CONTENU RESERVE A UN PUBLIC AVERTI

Les images et textes à caractère érotique, pornographique ou violent contenus dans cette page peuvent choquer certaines sensibilités. En consultant cette page, vous attestez être majeur au regard de la loi française et vous prenez vos responsabilités par rapport à son contenu.

CONSULTER QUITTER

7/10Le Parfum de l'invisible - Tome 1

/ Critique - écrit par athanagor, le 17/03/2010
Notre verdict : 7/10 - Let me see your hands (Fiche technique)

Nouvelle réédition en couleur d'un autre classique de l'auteur italien qui fit des femmes un fond de commerce et des hommes sa clientèle de prédilection... Euh...

Miel est une jeune fille bien sous tous rapports. Et comme c'est une Couverture réédition du 27/01/2010
Couverture réédition du 27/01/2010
héroïne de Manara, cette formulation est à prendre au sens propre. Ainsi elle vaque à ses occupations urbaines sans porter de sous vêtements et sans frapper aux portes. Quelle ne sera pas sa surprise, à la faveur de cette mauvaise habitude (celle de ne pas frapper aux portes, l'autre étant difficilement blâmable), de tomber nez à nez avec un bout de corps flottant dans les airs, dans la chambre de Béatrice. Cet homme, dont nous ne connaîtrons pas le nom, a développé une crème qui lui permet de se rendre invisible. L'élément chimique utilisé pour sa confection se trouvant en abondance dans le sucre fondu, il émane de lui une odeur si particulière qui lui vaudra le sobriquet de « caramel ». S'il a mis au point cette invention, c'est pour pouvoir approcher Béatrice, dont il est amoureux fou depuis l'enfance, et qui ne lui donne plus aucun signe de vie depuis des lustres. C'est donc pour approcher son aimée qu'il doit se rendre invisible, car celle-ci est une danseuse-étoile dont la proximité est fortement protégée. Suivant Miel partout, celle-ci étant l'assistante de Béatrice, Caramel découvrira bien des choses, d'abord sur sa dulcinée, puis enfin sur les femmes.

Qui n'a jamais rêvé de pouvoir se rendre invisible, pour aller mater encore plus à loisir ce qui se passe dans les douches du sexe qui l'intéresse ? Eh oui, à part quelques binocleux trop occupés à réviser un contrôle de math (et encore, la preuve n'a jamais été formellement établie que cela ne leur ait pas non plus traversé l'esprit), tout le monde, même les petites filles, y ont un jour songé. Manara,
lui, c'est sûr, il y a pas mal pensé. Cela lui a permis de produire, quelques temps après Le Déclic cette deuxième BD, sur un thème fédérateur, du moins pour les hétérosexuels mâles. Ainsi, après la femme qui se déclenche à distance, parlons de la femme qui s'observe de près sans être vu.

Manara fait du fantasme et il le fait bien, quand il ne s'attarde pas trop longtemps sur un thème qui lui apporta le succès. Il sait exciter son lecteur avec une certaine fraîcheur et un trait incomparable, en glissant, par-ci par-là, des éléments dont le politiquement incorrect parvient à amorcer des semblants de réflexion, sans jamais prétendre à une exhaustivité philosophique. Bref, tant qu'il s'agit d'illustrer une historiette construite sur un fantasme masculin répandu, tout va bien. Cependant, quant il se pique de répétition, pour aménager autour de ses thèmes une réflexion plus élaborée, rien ne va plus. Les ellipses incompréhensibles et les unités de temps massacrées, l'incohérence de ses récits et les galeries de personnages inutiles et interchangeables ne posent pas trop de problèmes quand un seul album s'habille du thème principal. Ici par exemple, le dénouement de l'aventure est assez creux et très mal découpé, bourré de faux raccords et de pop-ups scénaristiques. Mais on s'en moque un peu : ce qui compte c'est l'illustration du fantasme. Mais quand on voit que sur les 4 tomes de Le Déclic, trois étaient de trop, on se méfie, souvent à raison, de la parution des tomes 2.

Non, Manara n'a jamais été encensé pour ses talents de scénaristes dont les lacunes sont grandement comblées par la fraîcheur des idées qu'il illustre pour la première fois. Et personne ne lui ferait grief de cela, s'il n'essayait pas d'y remédier. Et on se contente bien de 64 pages de ce coup de crayon particulier, qu'on est toujours, malgré tout, content de relire.