7/10Magasin général - Tome 6 - Ernest Latulippe

/ Critique - écrit par plienard, le 09/11/2010
Notre verdict : 7/10 - Plaisir des auteurs, plaisir du lecteur (Fiche technique)

Tags : magasin loisel marie livres regis tome tripp

L'absence de Marie commence à mettre le village sur les nerfs. Les provisions commencent à manquer et il va falloir contacter les fournisseurs. C'est Serge qui s'y colle.

Marie est partie à Montréal. Et elle se donne du bon temps. Au village, la paroisse de Notre-Dame des lacs, par contre, l'ambiance n'est pas au beau fixe. Car depuis qu'elle est partie, le magasin n'est plus alimenté, et les provisions viennent à manquer. On demande alors à serge d'aller acheter, auprès des fournisseurs quelques affaires indispensables. Les habitants du village tentent donc de réagir malgré leurs dissensions. Car après la faute de Marie avec Marceau, alors qu'il était avec Clara, les femmes sont très en colère contre elle (et surtout la mère de Clara). Mais pour les hommes, son absence a provoqué un grand vide.


Nous avions pris l'habitude de désigner respectivement un scénariste et un dessinateur pour un album. Et si quelquefois l'association de grands artistes ne fait pas de miracles, il est curieux de voir comment Régis Loisel et Jean-Louis Tripp ont décidé de corser l'affaire en prenant chacun part au scénario et au dessin. Si la chose est difficilement quantifiable et identifiable au niveau du scénario, on voit le travail de chacun sur le dessin. En ouvrant l'album, vous découvrez le résultat d'une planche faite par R Loisel, et ensuite terminée par JL Tripp. La différence est flagrante et cette association prend tout son sens et n'a qu'un seul but : que les deux auteurs prennent du plaisir. Ainsi Régis Loisel aime la première étape du dessin et J.L. Tripp la rend lumineuse.

Et il semble bien que les deux auteurs y trouvent leur compte avec  l'histoire de ce village d'irréductibles canadiens. Et l'expression n'est pas usurpée tant on retrouve cette atmosphère de village faite de personnalités contradictoires. Et ici, ce ne sont pas le forgeron et le poissonnier qui se jettent des poissons pas frais à la figure, mais les femmes qui jettent de grandes claques aux hommes dans un pugilat indescriptible. Mais le village est aussi capable d'oublier ses désaccords et de s'unir pour réparer un pont détruit ou pour aller aider un voisin qui a des problèmes. Et cela va être le cas pour les frères Latulippe, Ernest et Mathurin.


Loin d'être un plagiat ou une adaptation de la célèbre série Astérix, Régis Loisel et JL Tripp réussissent à nous retranscrire les petites bassesses mais aussi les grandes générosités qui peuvent exister dans un village rural du début du siècle dernier. Ils l'ont aussi agrémenté de cette opposition entre ville et village et entre modernité et traditionalisme.

Et si les auteurs réussissent à nous immerger dans leur histoire, c'est aussi grâce à la mise en couleur de François Lapierre et l'adaptation des dialogues  en québécois de Jimmy Beaulieu. Dialogues qui sont parfois difficiles à comprendre, mais l'idée générale passe et ils participent à nous mettre dans l'ambiance. Espérons que l'ensemble des auteurs continue à prendre autant de plaisir à faire cette bande dessinée que nous à la découvrir.