9/10James Dieu - Tome 3

/ Critique - écrit par Maixent, le 21/01/2009
Notre verdict : 9/10 - In Elvis we trust (Fiche technique)

Tags : dieu james pontarolo fred livre tome prix

3ème opus de la série James Dieu, un univers dans lequel on se perd avec délectation. Dieu vit dans une canette de Coca, à partir de là, tout est possible quand on a le talent de Fred Pontarolo.

Sur la fiche de technique de l’album que je viens de recevoir de la part de Futuropolis afin d’en faire la critique, il est écrit : « Résumer un album de James Dieu n’est pas donné à tout le monde ». Ce que je confirme maintenant que j’en ai fini la lecture. Déjà, je dois admettre être passé à côté des deux premiers tomes, mais je ne pense pas que la lecture de ceux-ci eusse facilité la retranscription du récit.

La team Divine
La team Divine
Le problème n’est pas que James Dieu soit un livre brouillon et mal fait, il s’agit en fait d’un livre d’une extrême densité et d’une richesse qui semble inépuisable. En effet, l’imagination du talentueux Fred Pontarolo semble intarissable. Proche d’un
Nicolas De Crécy par le graphisme et par l’univers foisonnant à la fois absurde et plus réel que la réalité, il nous entraîne on ne sait où, mais avec plaisir, dans un monde où se mêlent divin et humanité au ras des pâquerettes. Le lecteur, à l’instar de Igor et Grichka Bogdanoff qui introduisent le récit, se demande s’il n’est pas tombé dans une faille spatio-temporelle et espère ne pas en sortir trop vite.

Tentons tout de même de faire un bref résumé. Les Twin Towers viennent d’exploser,Jésus et Dieu vont au resto
Jésus et Dieu
vont au resto
on a donc un repère spatio-temporel malgré la faille précédemment évoquée. Fuyant l’explosion à bord de la camionnette de l’Agence Tous Risques on retrouve Juanito, le personnage central entouré de Jésus (Fils de Dieu, le Vrai) arborant fièrement un t-shirt avec une feuille de cannabis, un ancien psy reconverti en sosie d’Elvis, et Dieu, toujours dans sa cannette de Coca, qui lui aussi ressemble à Elvis. Quant à Elvis, le chat, il est mort. Mais il suffit à Elvis, Dieu, de souffler dans son anus pour lui redonner vie. Entre temps, un zombie s’est réveillé à la morgue et regrette plus la perte de sa coupe afro que de son cerveau. Voilà, là on en est à la page 8 et je vais déjà reprendre une aspirine, mais malgré tout cet imbroglio invraisemblable, on est pris par l’histoire. Les dialogues sont rapides et efficaces, chaque personnage est clairement défini à la fois par son trait de plume et par celui de son caractère, et une aspirine et un big mac vite avalés et on se rue sur la suite. Il y aura ensuite Gina La Pompe, la prostituée tentant d’échapper à Rocky Bazooka et le diable, qui est en fait le frère de Jésus, et qui essaye de devenir gentil même si c’est difficile, car il juge que les hommes commettent plus d’atrocités que lui, mais tout cela, il vaut mieux le découvrir par soi-même. Vous n’avez peut-être pas saisi tous les tenants et aboutissants de tout ceci, mais peu importe, ce qui importe c’est que ça marche.

A la fois iconoclaste, populaire, drôle, philosophique… (et encore d’autres qualificatifs mais la liste serait trop longue), ce troisième tome de James Dieu, au centre de la pentalogie prévue, offre au lecteur un album d’une rare qualité. L’auteur a su s’inspirer des plus grands sans sombrer dans le plagiat ou la basse caricature. Avec Résumé de l'album
Résumé de l'album
un regard humaniste, bien que légèrement désenchanté sur le monde, Fred Pontarolo sait se moquer des travers de notre société, et même parfois les juger durement sans nous faire la morale. La vie est un joyeux bordel sur lequel chient les colombes de la paix et chacun tente de faire ce qu’il peut là dedans. Il en résulte que la dernière chose à faire est de se tourner vers Dieu. D’une il est pas très doué, de deux, il s’en fout, et de trois, il préfère le décolleté de Gina la Pompe aux questions que tout un chacun se croirait en droit de lui poser. Alors à moins que comme Juanito, vous vouliez vous écraser comme une merde sur le sol pour cause de crise de foi, mieux vaut rire de tout, même de plus sinistre et partir dans ce monde déjanté créé par cet auteur dont le talent n’est plus à confirmer.

J’en oublie beaucoup concernant cet album foisonnant, mais une chose est sûre, il sort des sentiers battus avec talent, tant par le scénario que par le graphisme et cela mérite de s’y plonger. Embarquons avec délice (et une petite appréhension quand même) en compagnie de James Dieu, créateur de l’univers et des barres chocolatées, vous n’en sortirez pas indemne et ça en vaut le coup.