Dupuis : Dans les yeux de Lya T1, Télémaque T2, La véritable histoire vraie T3&4

/ Critique - écrit par plienard, le 18/03/2019

Dans les yeux de Lya - Tome 1 : En quête de vérité - note : 7,5/10

Dans les yeux de Lya est une nouvelle mini-série des éditions Dupuis avec Carbone au scénario et Justine Cunha au dessin. Ancienne professeur des écoles, Carbone s'est lancée dans la bande dessinée depuis 2015 avec Le pass'Temps chez Jungle. Pour Dupuis, elle a récemment signé La boîte à musique et Les Zindics anonymes. Un point commun  a toutes ses séries ? Celui de s'adresser à un jeune lectorat (10-15 ans), et surtout d'avoir de jeunes héros bien sympathiques.


© Dupuis 2019.

 

La dessinatrice Justine Cunha a été démarchée par Carbone via les réseaux sociaux (comme quoi, ils peuvent avoir du bon) pour cette première bande dessinée. Une influence manga est perceptible, mais avec une patte franco-belge et des couleurs qui ciblent bien le lectorat voulu.

Donc clairement, je ne suis pas le cœur de cible de ce genre de bande dessinée. Mais étant un grand professionnel - comment ? J'en fait trop ? - je me lance dans cette expérience et redevient un lecteur de 10-15 ans. Je n'irai pas jusqu'à changer de genre !

Et on se retrouve face à Lya, l'héroïne de ce récit, qui a une petite particularité : victime d'un accident de la route, la jeune fille est tétraplégique et se déplace en fauteuil. Mais le sujet n'est pas là. Car elle veut découvrir qui la renverser. Contactés par un cabinet d'avocats réputés afin de protéger les intérêts d'un riche client, ses parents ont accepté une forte somme d'argent en échange de la fin des poursuites judiciaires. Si elle peut comprendre la réaction de sa famille, elle cherche, elle, à connaître la vérité à faire payer le coupable.

Vous apprendrez à connaître Lya en lisant ce premier tome, un peu rose-bonbon dans ces couleurs, mais carrément captivant. La force du personnage de Lya, dont le handicap est à peine exploité, et qui se donne tous les moyens pour réussir son enquête, vous font oublier votre âge et tous les codes utilisés pour cibler le lectorat.

Bravo à Carbone pour cette histoire et bravo à Justine Cunha pour cette première BD.

 

Télémaque - Tome 2 : Aux portes de l'enfer - note : 8/10

Et c'est un 8/10 qu'on attribue à ce deuxième tome de la série de Kid Toussaint et Kenny Ruiz. Une très bonne note qui récompense un scénario dense et surtout un dessin époustouflant. Kenny Ruiz ne s'économise pas, déforme les cases, renverse les pages, arrondit les coins… Son trait respire l'énergie et le mouvement. Il réinvente le dessin.


© Dupuis 2019.

 

Kid Toussaint est le scénariste de cette bande dessinée et s'est attaqué à un monument : la mythologie grecque. Alors c'est très complexe, les personnages se bousculent tellement ils sont nombreux. Pas facile de retenir tous les protagonistes et surtout leurs intentions. Il y a pourtant un bel effort de fait pour essayer de nous l'expliquer.

Alors je vous invite à suivre Télémaque à la recherche de son père. Il va découvrir qu'il a maintenant une demi-sœur, prête à l'aider pour retrouver un père qu'elle n'a jamais vu. Mais il va falloir échapper à Cirée, puis réussir à s'échapper de l'île de Lobos où "ceux qui la foulent ne la quittent jamais". Puis, il y aura Hadès - le royaume des enfers - où tout le monde pourra en sortir sauf un !

Et pendant que les jeunes s'amusent dans les îles grecques, les adultes discutent politique et font de la diplomatie. La guerre de Troie a laissé des traces (et pas des Thraces !) et la disparition des héros a laissé le champ libre à des convoitises. Ainsi la mère de Télémaque - femme d'Ulysse, donc ! - ne peu plus gérer seule Ithaque.

Il fallait bien 64 pages pour illustrer tout cela et avec Kenny Ruiz aux pinceaux, on n'a pas de quoi se plaindre.

 

La véritable histoire vraie de  … - Hitler & Attila - note : 7/10

Initialement intitulée Les méchants de l'histoire et démarrée avec les personnages de Dracula et Caligula, la série revient avec d'autres méchants (parmi les plus méchants !) mais avec un léger lifting, à savoir un nouveau titre. Vous saurez maintenant toute "La véritable histoire vraie" de Hitler et d'Attila.


© Dupuis 2019.

 

Au scénario, on retrouve Bernard Swysen qui montre un grand travail de recherches pour alimenter 100 pages sur l'allemand et 68 sur le Hun. L'occasion de rire de ces bonshommes qui n'ont pas laissé que bons souvenirs. La série ne les rend beaucoup plus sympathiques pour autant, mais il est rafraîchissant de pouvoir les raconter avec humour.


© Dupuis 2019.

 

Pour Hitler, c'est Ptiluc qui s'y colle. Le dessinateur belge revient a ces premières amours et ses personnages animaliers comme le rat. Hitler, les nazis, des rats, le rapprochement avec un chef d'œuvre de la BD, Maus, s'arrêtera là. Tant l'ambiance et le projet sont totalement différents. L'un parle d'un génocide, l'autre de celui qui en sera à l'origine. Et c'est ainsi qu'on va découvrir tout ce qui a nourrit la rancœur, l'amertume d'un petit bonhomme sans talent sauf à se découvrir un orateur hors-pair. Ptiluc lui donne un faciès de rat, perfide et rancunier, qui tiendra pour responsables les juifs de son manque de réussite. Il a trouvé le bouc-émissaire idéal (et toutes ressemblances avec une situation actuelle ne serait pas forcément innocente). Le rat va ainsi surfer sur les difficultés économiques de l'époque et la pauvreté pour faire passer ses convictions. On remarquera l'ingénieuse idée des auteurs qui mettent toujours un personnage pour contredire les fausses vérités du rat.

Parmi les méchants, si Hitler tient le haut du panier, Attila n'est pas en reste. Pourtant, à la découverte de l'album qui lui est consacré et Pixel vengeur met en dessin avec son talent inimitable, le personnage apparaît plus complexe qu'il n'y paraît. Surnommé le Fléau de Dieu par certains, qualifié de féroce ou généreux, de roi idéal ou de cupide et cruel, nous avons ici une vision qui reprend tous ces adjectifs. On retrouve la faculté de Pixel vengeur à rendre comique les situations les plus graves.

 


Les couvertures des 4 albums - © Dupuis 2019.