7/10Thorgal - Tome 30 - Moi, Jolan

/ Critique - écrit par Amiral, le 14/10/2007
Notre verdict : 7/10 - Un lourd héritage (Fiche technique)

Tags : tome thorgal jolan sente yves rosinski livres

Yves Sente nous propose un concept peu novateur, qui marche grâce aux ingrédients de son prédécesseur. Espérons qu'au fil des épisodes, le scénariste parvienne à rouler sa bosse pour insuffler un vent de jeunesse dans cette série mythique.

2006 avait enterré les 30 années de calvaires traversés par l'héritier des étoiles ? 2007 sera celui du sang neuf de la descendance. Le sacrifice était un album laissant planer différents suspenses. Van Hamme ayant raccroché son tablier, c'est Yves Sente qui a dorénavant la lourde tâche de reprendre un flambeau brûlant.


Qui dit changement de scénariste sous entend aussi nouvelle saga. Après avoir accepté de donner sa vie pour sauver son père de la mort, Jolan est désormais le disciple de Manthor : maître de la Confrérie rouge. Son tuteur de prédilection l'emmène directement au royaume de l'Entremonde, terre préservée des Dieux et des humains. Manthor impose à Jolan de relever un défi : arriver avant le second coucher du Soleil à sa demeure. De nombreuses épreuves attendent notre adolescent. Un parcours semé d'embûches et de rencontres imprévus.

L'intrigue ne semble pas révolutionner le genre. Nous ressentons toujours cette atmosphère de mythes et légendes nordiques à travers une narration classique. L'idée des épreuves à accomplir pour mieux apprendre sur soi-même et les autres semble être un concept déjà vu. Yves Sente se focalise sur la destinée de Jolan, hors le garçon semble s'effacer derrière son honnêteté et son esprit chevaleresque. Ses compagnons d'infortune ont tous un pôle caractériel prévisible (l'enfant riche, le jeune rebelle, et la fille garçon manqué). Les scènes d'actions semblent linéaires sans qu'il y ait un véritable rebondissement sur le concept narratif. La difficulté des épreuves et leur nombre semblent bien modestes et poussives par rapport à ce qu'ont pu dans le passé affronter Thorgal et sa famille. Certaines techniques scénaristiques permettent d'esquiver subtilement la profondeur du récit. L'exemple le plus frappant demeure la scène suivant l'abandon de Jolan et d'Ingvild. Le scénariste glisse alors un interlude sur les deux autres garçons de la troupe traversant les épreuves pour les retrouver tous ensemble soudainement quelques pages plus loin. S'ensuit alors l'explication peu crédible et l'insertion d'un nouveau protagoniste s'incrustant comme par miracle dans l'aventure. Pourtant, l'histoire contée dans un style littéraire traditionnel parvient à se lire agréablement. Même si la narration semble superflue, l'histoire de fond qui va être suivie au fil des tomes tient la route. La lecture agréable est en outre complétée par le plaisir des yeux, grâce au travail toujours aussi remarquable de Rosinski.
Depuis Le sacrifice, le dessinateur semble avoir transposé définitivement son travail graphique de La vengeance du Comte Skarbek à travers le récit de Jolan. L'illustration en peinture insuffle du tonus dans la mise en scène, plus en phase avec l'aspect irréel de la mythologie nordique. L'homme rode son style mais arrive plus facilement à instaurer des ambiances inquiétantes qu'à imaginer des paysages colorées.

jolan2_250Moi Jolan annonce donc l'ère du récit consensuel. Van Hamme a eu raison de sceller la destinée de Thorgal. Etait-ce nécessaire de transmettre cette saga de père en fils ? N'aurait-il pas été mieux d'arrêter la série pour que l'Héritier des étoiles entre définitivement dans la légende ? Yves Sente nous propose un concept peu novateur, qui marche grâce aux ingrédients de son prédécesseur. Espérons qu'au fil des épisodes, le scénariste parvienne à rouler sa bosse pour insuffler un vent de jeunesse dans cette série mythique.