4/10Ric Hochet - Tome 74 - Puzzle mortel

/ Critique - écrit par athanagor, le 09/04/2008
Notre verdict : 4/10 - Faux rebond (Fiche technique)

Tags : hochet ric eur tome tibet duchateau lombard

La 74e aventure de Ric Hochet constitue la conclusion à l'album précédent, où on apprenait que sa mère est otage du bourreau, personnage apparu il y a 60 numéros, en 1972.

Ric Hochet est un personnage qui, malgré les apparences, cultive l'ambiguïté : après 53 ans d'existence et 74 albums, aucun personnage n'a vieilli, le commissaire Bourdon est toujours à deux doigts de la retraite, aucun costard n'a changé, tout est pareil. Tout sauf la Porsche de Ric Hochet, qui est le dernier modèle en date, ainsi que les intrigues qui se déroulent dans notre quotidien et suivent notre actualité. Prenons-en pour preuve la jadis très chaste copine de Ric, Nadine, qui se balade maintenant avec le nombril à l'air, dans son T-shirt taille 6 ans et qui devrait avoir un string qui dépasse de son jean pour le numéro 75.
Ceci constitue l'ambiguïté temporelle.

Mais à qui est cette main ?
Mais à qui est cette main ?
Autre exemple : tous les personnages de Ric Hochet, à l'exception des très très méchants messieurs qui sont généralement obèses, avec une gueule pas possible et un pied bot, tous donc se ressemblent incroyablement. Hommes comme femmes, vieux comme jeunes, ils sont tous dessinés de la même façon, tant et si mal qu'on a parfois bien de la misère à savoir qui parle et d'où y sort celui-là. Même Nanar le chat ressemble parfois à Ric Hochet. Quoi qu'à le regarder, ce chat est si mal dessiné qu'il ressemble à tout sauf à un chat.
Ça, ce serait pour l'ambiguïté picturale.
D'ailleurs, dans la même catégorie, on peut également ranger le fait que les décors sont super détaillés, ultra fouillés avec des perspectives travaillées... et tout ça pour quoi ? Pour que les personnages soient dessinés avec le nez au milieu de la joue la plupart du temps, style Picasso par mégarde, et c'est encore pire sur les gros plans, dont les auteurs abusent.

Mais n'oublions pas le meilleur remisé tout spécialement pour la fin, à savoir l'ambiguïté du genre. Traduction : à la lecture de la BD, il est impossible de dire avec certitude si c'est une histoire policière sérieuse ou une comédie burlesque, et ces propos sont pesés. Les exemples hantent le livre. En voici deux : Ric qui vient de se prendre une balle dans l'épaule papote tranquillement, à l'hôpital avec tous ses potes, de sa mère qui est otage du méchant. Il est sûr de lui, ça roule et tout, et en une demi seconde il se met à psychoter grave du genre au bord des larmes parce qu'on parle de sa mère. Quid ?

Mais qui est cet homme ?
Mais qui est cet homme ?
Plus tard et dans un style à se casser les côtes de rire, Ric Hochet, pour passer incognito, décide de se déguiser. On attend avec impatience le résultat et là... le choc : il a juste mis une perruque noire frisée. Ça fait 53 ans que ce gars s'habille avec le même sous-pull en acrylique rouge, les mêmes bottines de chez André et cette hideuse veste blanche tachée de noir, et tout le monde le connaît parce qu'il est quand même le journaliste qui a résolu toutes les affaires du commissaire Bourdon, et le gars pour pas être reconnu, y met juste une perruque !

Alors là, la perplexité gagne le lecteur. Doit-il se frotter le menton et se dire que Mais c'est quoi ce truc ?
Mais c'est quoi ce truc ?
Tibet et Duchâteau ont encore frappé un grand coup et qu'ils ont décidément la classe ? Ou doit-il exploser de rire laissant échapper la pression accumulée tout au long de l'histoire dans un « j'viens de la comprendre ! » tonitruant ? On se posera encore la question quand, à la dernière page, Nadine conclut l'histoire par « Quel puzzle mortel ! », placé ici par les auteurs pour nous faire admettre qu'ils ont vraiment la classe de terminer par le titre de l'album, lui donnant alors tout son sens, ainsi casé après la traditionnelle explication de l'intrigue. Ouais... dommage que Ric Hochet le place déjà page 20.

Non sérieux les gars... c'est fait exprès ou pas ?