Péma Ling - Tome 4 - Naissance d'une légende
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 26/05/2008 (Tags : pema ling tome bess georges legende naissance
Le début d'une nouvelle ère pour Péma Ling, enfin adulte et prête à en découdre. Une belle série d'aventure dépaysante, au doux parfum de classicisme.
Après trois tomes consacrés à l'enfance et à la jeunesse de Péma Ling, Georges Bess entame une nouvelle ère avec ce tome logiquement titré Naissance d'une légende. Le dessinateur de Juan Solo, qui assure également le scénario de la présente série, s'en tire décidément très bien, malgré un sens du dialogue parfois bancal. Le dessin irréprochable et la nature mythique du récit destinent pourtant Péma Ling à être un classique de bibliothèque.
Elevée au sein d'une bande de brigands, Péma n'a pas sa langue dans sa poche et n'aime pas être traitée avec la condescendance réservée par les barbares de la
Péma facture de gazsteppe aux représentantes du beau sexe. Elle copine avec les loups, et lorsqu'un bandit redouté du nom de Drukpa vient lui dire qu'il ferait volontiers d'elle son quatre-heures, elle lui rétorque qu'il est vilain, qu'il pue, et que s'il s'approche à nouveau elle lui coupera les roustons et lui en fera des sushis (en paraphrasant un peu). Avec ce caractère en acier trempé, elle deviendra la reine des voleurs, tout en conservant un sens de l'honneur rare dans ce genre de profession...
Dans les montagnes du Kham, le décor est majestueux : Georges Bess se fait un plaisir d'offrir au lecteur un voyage entre la Chine et le Tibet d'autrefois, digne du récent Mongol cinématographique. Le dessin réaliste type western n'est pas sans rappeler celui de Jean Giraud sur Blueberry, avec son mélange de précision et de dynamisme. Les couleurs, dans les tons ocres, instaurent une ambiance constamment crépusculaire, qu'on ne quitte que le temps d'un intermède enneigé (reflété par la couverture) non moins esthétique. Visuellement donc, l'album est un pur bonheur.
Péma facture de téléphone
(vous dites quand vous en avez marre)Le récit, un peu décousu en terme de péripéties, est en fait axé sur son personnage principal, sur l'éclosion de sa maturité. Péma est désormais capable de choisir sa voie, de saisir les rênes de sa vie. Le texte narratif, insistant sur le côté iconique du personnage, est assez naturellement littéraire, parfois même un peu ampoulé. On s'étonne en revanche que les dialogues le soient aussi, et paraissent parfois légèrement artificiels. Le défaut est minime, et peu gênant puisque les grandes scènes de dialogue sont finalement assez rares.
Péma Ling, après trois tomes d'introduction, assume désormais pleinement son rôle de personnage principal. Gageons que le tome 5 saura tirer parti de ce statut, et proposera le meilleur volet de la série. Tout semble avoir été mis en place dans ce but.