Les nouvelles aventures de Cubitus - Tome 4 - Tous des héros
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 16/09/2008 (Dupa n'est plus. Vive Dupa ! Cependant Cubitus n'a pas fini à la SPA. Recueilli en 2005 par Rodrigue et Aucaigne, il tente de rire, mais la magie n'est plus.
Dupa, mort en 2000, ne pouvait pas, même si on insistait, reprendre la série des Cubitus. Ainsi, depuis 2005, ce sont Michel Rodrigue et Pierre Aucaigne qui font vivre le personnage dans Les nouvelles aventures de Cubitus.
Os puppies Rodrigue qui n'en est pas à sa première reprise, s'en sort à peu près 18 956 fois mieux qu'avec Clifton, dont la Balade irlandaise restera une déception pour tout l'hémisphère nord et une partie de la Papouasie. Délivré du poids de la scénarisation, il peut se concentrer à bloc sur son trait et offrir une similitude graphique avec le trait de Dupa. Similitude hautement nécessaire dans le cadre d'une reprise de ce type de personnage, leurs bouilles et l'habitude que l'on s'en est construite véhiculant 75% du gag mis en chantier. Ainsi quand Rodrigue fait du Clifton tout seul, on se retrouve plutôt avec du Gil Jourdan, mais quand il fait du Cubitus avec Aucaigne, on se retrouve plus facilement entre potes.
Ceci dit, et le léger éloge concernant l'abandon de la médiocrité par le dessinateur (c'est dire si on en attendait peu) passé, on se recentre sur l'ouvrage en lui-même, et on est un peu déçu. Ce genre d'humour à l'expression fugace et condensée de la page d'écriture au format 21 x 29,7, ne saurait-il survivre que dans la bienveillance des souvenirs de ceux qui le connurent encore poupons et relisent avec des trémolos dans les yeux ces pages jaunies par les ans et les expériences de bureau traumatisantes, rafraîchissant, à grand renfort de vagues de la Mer du passé, les échos de ces moments bénis où l'innocence de leurs âmes les faisait rire d'un « Prout » dissimulé dans une case du Secret de l'espadon ? N'y-a-t-il plus à notre époque de Playstation 5 avec du GTA dans ta face et de « vit' fé bien fé jte fé le Q 6 tu m'done ton tel », n'y a-t-il plus, donc, de place pour la simplicité d'un gag bien gras avec un jeu de mot à deux francs (et oui monsieur, des francs !) servi avec des frites. Et bien si ! et Bob De Groot le montre d'ailleurs encore assez régulièrement. Mais il en va ainsi de tous les arts que leur pratique s'affine avec le temps, et n'est pas un maître qui veut.
L'album s'ouvre sur une manifestation générale des personnages communément
La stupeur du dragonconsidérés comme les faire-valoir du gros cabot. Se plaignant justement de cette situation hiérarchique inique, ils réclament un statut de héros au moins aussi important que celui du personnage qui donne son nom à la série. Accédant à leur requête, Cubitus espère pouvoir découvrir des héros inédits, issus de l'imagination de ses gens. Eh bien que nenni et bernique, ils apparaissent, en fait, grimés en Schtroumpfs et autre Batman. Cette conclusion, à défaut d'annoncer un album où chacun aura son mot à dire, donne plutôt le coup d'envoi à une grosse rasade de parodies, qu'on aura l'impression d'avoir déjà vues, menée par ce chien dont la race reste à déterminer. James Bond, Tarzan, Mandrake, ici utilisés, se perçoivent ainsi comme un retour vers les riches heures où l'animal à pompon jaune en lieu d'extrémité caudale avait un franc succès. Toutefois quelques uns ont le croupion paradoxalement un peu plus frais, tels Ric Hochet et Spider-man, mais inlassablement campés par Cubitus, ils se retrouvent toujours dans la panade, gag oblige.
Deux éléments ressortent toutefois très nettement pour remonter avec force la très moyenne générale : nombre de héros empruntés pour l'occasion ont pour mission d'escorter Miss Badmington à la piscine, trame tellement répétitive dans son
Un p'tit canon avant d'y aller ?déroulement et tellement absurde comme point de départ de l'action que cela finit par en devenir réellement drôle. Le second élément, c'est cette assez bonne reprise de l'intégralité des intrigues de la trilogie Pirates des Caraïbes en cinq planches seulement, plutôt marrantes et franchement portées sur la boisson.
D'ailleurs, qu'est-ce que ça picole chez Cubitus ! Ça a même un peu tendance à déteindre sur le fond, donnant une impression générale un tantinet réac' avec une propension à fustiger le moderne (mais pour de rire, hein !). Ainsi on appréciera le point de vue selon lequel les GPS c'est de la saloperie et que les volets roulants automatisés, ben c'est d'la merde. Du coup, pour ce qui est du reste, ça tache un peu, mais Cubitus reste, grâce à cette ambiance générale de sketch lourdingue sur son lit de beuverie en période de chasse au lapereau, le camarade des jeunes lecteurs, trop jeunes pour avoir la patience et/ou les capacités de lire du Achille Talon, et trop vieux pour manger leurs crottes de nez. Donc, en plongeant cette album dans l'intégrale de la série et en secouant le tout hyper fort, on parviendra finalement par se laisser prendre au jeu du « Dupa ou pas Dupa » et parfois se faire avoir. Mais attention, isolé du reste, l'illusion s'estompe.