7/10Magasin général - Tome 2 - Serge

/ Critique - écrit par iscarioth, le 06/11/2006
Notre verdict : 7/10 - La petite maison dans la prairie québécoise (Fiche technique)

Tags : magasin tome loisel tripp serge marie regis

Le deuxième album de Magasin général représente vraiment ce que l'on peut appeler une confirmation.

 « C'est la belle nuit de Noëëël...
..La neige étend son manteau blannnnc... »


En route pour les préparatifs de Noël 2007. Un sapin joliment décoré, une cheminée ornée des traditionnelles chaussettes, un beau et copieux repas et... le deuxième tome de Magasin général, pour accompagner le moment de légèreté des fêtes.

Ceux qui reprochaient au premier tome du Magasin général de ne rien raconter de bien palpitant et de ne faire que tracer les contours souriants d'une communauté bien archétypée continueront de grommeler avec ce deuxième opus. Pas de changement ! L'arrivée d'un nouvel individu, Serge, le moustachu que l'on voit sur la couverture hivernale, aurait pourtant pu faire figure d'élément perturbateur. Et, à bien y réfléchir, c'est un peu le cas. La communauté recroquevillée sur elle-même s'interroge sur les origines de cet étranger au sourire bien accroché et aux poches pleines. Les bigotes s'en donnent à coeur joie. Tout au long de l'album, le lecteur s'interroge : l'humanisme chaleureux de ce nouveau personnage ne cache-t-il pas quelque chose de dangereux ? La question est entretenue par une voix off, qui mitraille le récit de pensées pessimistes, elle atteint son point culminant dans les dernières pages, sans vraiment qu'il y ait de réel suspense. L'heure est toujours à la chaleur.


Le premier album de Magasin général nous dressait le portrait d'une communauté gaillarde, au parlé québécois, début du vingtième siècle. Un petit village avec son curé peu consensuel, ses bigotes, son attardé mental et son ermite. Pas de place pour la noirceur mais un véritable autel dressé en l'honneur de la chaleur humaine. Ce deuxième tome surenchérit avec un village aux couleurs hivernales tout aussi agréable à regarder que drapé de son manteau d'automne. L'arrivée de Noël, sa préparation par la petite communauté décuple, ce coté mielleux. L'époque est propice à la communion, au festoiement et aux grands moments de convivialité. Après deux albums de faits de la vie quotidienne, on peut se demander si les auteurs ne se préparent pas à nous surprendre par un brusque changement de ton à venir dans quelques albums.


Trêve de spéculation, l'heure en est pour l'instant au genre quotidien. Les amateurs du genre, surtout ceux qui apprécient le plat saupoudré d'une épaisse couche de bons sentiments, devraient apprécier. Le croisement de plume et de pinceau de Loisel et Tripp est toujours aussi appréciable. On nous explique encore une fois l'évolution d'une planche passant des mains de l'un à l'autre avec un petit insert en introduction. Les planches sont un régal pour les yeux. On retrouve toujours un très bon agencement de plans, avec des pages en gaufrier signifiant l'avancement dans le temps des activités (le fameux effet montage, si prisé dans le cinéma de genre). La chaleur des intérieurs, en contraste avec la blancheur des paysages extérieurs, est bien rendue par la coloration orangée et chaude et par des plans plutôt serrés, restituant une très grande proximité.


Le deuxième album de Magasin général représente vraiment ce que l'on peut appeler une confirmation. Il poursuit dans la droite lignée du premier opus. Les uns apprécieront la simplicité et l'humanisme du récit, les autres trouveront peu d'intérêt à parcourir une histoire qui coule comme une vie peinte dans des tons de douceur, voire de mièvrerie. On ne se livre pas souvent à ce constat peut être un peu facile dans ces colonnes, mais force est de constater ici qu'il s'agit véritablement et définitivement d'une affaire de goûts.