Hulk - Dossier
Bande Dessinée / Dossier - écrit par riffhifi, le 15/07/2008Tags : hulk dossier cinema marvel film banner eur
On vous voit venir : vous croyez tout savoir sur l'incroyable Hulk. « Meuh oui, c'est un gros gars vert avec des muscles ». Et bien sachez qu'au début il était gris, et qu'aujourd'hui il est rouge. Alors au lieu de faire les malins, potassez.
1962 - 1963-1986 - 1986-1991 - 1991-1999 - 1999-2008
Nous sommes en mai 1962. Depuis six mois, Stan Lee constate que les héros qu'il
Couverture du #1 par Jack Kirby, et hommages
par Al Milgrom, Dale Keown et Javier Pulidocrée rencontrent les faveurs du public, et que le magazine Fantastic Four se vend bien. Il décide donc de lancer un nouveau personnage, mi-homme mi-monstre, qui sera une sorte de version 60s du docteur Jekyll de Robert Louis Stevenson. Le numéro 1 de The incredible Hulk sort alors en kiosques, dessiné par Jack Kirby. Les auteurs sont contents de leur création, mais les ventes ne suivent pas, et le magazine doit s'arrêter dès le numéro 6. Ne s'avouant pas vaincu pour autant, Stan Lee recasera son personnage dans The avengers en 1963, et lui fera dès lors partager le magazine Tales to Astonish avec Ant-man. Cette expérience aura au moins appris au scénariste-éditeur à tester ses personnages avant de leur confier leurs propres titres : ainsi, Spider-man fera ses débuts dans Amazing fantasy, Thor dans Journey into Mystery et Iron Man dans Tales of Suspense...
1962 - La main au Hulk
« How do I know I won't keep changing into that brutal, bestial mockery of a human-- that creature which fears nothing-- which despises reason and worships power ! »
La première histoire présente la plupart des personnages-clés de l'univers de Hulk : le docteur Bruce Banner (on apprendra bien plus tard que son nom complet est Robert Bruce Banner) est sur le point de tester une bombe atomique sous la supervision du général Thaddeus ‘Thunderbolt' Ross, dont il aime beaucoup la fille Betty. Celle-ci partage probablement les sentiments du savant, mais leur idylle sera étouffée dans l'œuf par un événement imprévu : un adolescent nommé Rick Jones
Par Jack Kirby en 1962traîne imprudemment sur la zone d'essai, et Bruce se précipite pour lui sauver la vie. Il y parviendra, mais se verra aspergé au passage de rayons gammas (Stan Lee aime bien les rayons gamma) qui affecteront sa structure cellulaire. Désormais, lorsque le soleil se couche, il se transforme en un monstre vindicatif, invulnérable et surpuissant appelé The Hulk (Harrap's nous dit « hulk : gros pataud ; lourdaud, mastoc »). On remarquera que cette première apparition de Hulk diffère de la mythologie que l'on connaît du personnage : il ne se transforme pas sous le coup de la colère mais cycliquement, comme un loup-garou ; il n'est pas immense mais mesure simplement une tête de plus que Banner ; il est délibérément méchant et arrogant, et pas une simple brute innocente ; et surtout, il n'est pas vert mais gris. Tous ces éléments dériveront progressivement vers la version que l'on connaît, sans réelle explication de la part des auteurs, qui n'ont pas encore affaire à un public trop exigeant...
1963-1986 - Un Hulk rebondi
« Hulk is strongest one there is ! All Hulk wants is to be left alone ! »
En 1963, c'est donc dans le numéro 1 de The Avengers qu'on retrouve le géant vert, qui est manipulé par Loki pour attirer Thor dans un piège. Le plan du vilain dieu échoue, et résulte en la naissance d'une super-équipe constituée de Thor, Hulk, Ant-man, la Guêpe et Iron Man. La présence d'un monstre stupide et incontrôlable comme Hulk au sein d'une équipe de super-héros était une idée plutôt incongrue, destinée essentiellement à relancer la popularité du personnage, auquel Stan Lee et Jack Kirby tenaient. Il quitte bien vite les Vengeurs (son appartenance aux Défenseurs en 1971 ne durera pas plus longtemps), et s'en va faire sa carrière solo dans Tales of Astonish. Désormais, le personnage est vert, a le QI d'un petit enfant, est capable de se déplacer à l'aide de bonds gigantesques, et souhaite qu'on le laisse en paix. C'est sous cette forme qu'il est le plus généralement connu. Au cours de ses premières années d'existence, ce Hulk enfantin est accompagné du jeune Rick Jones, qui peut le contrôler dans une certaine mesure et a développé des liens d'amitié avec lui. Mais une fois livré à lui-même, Bruce Banner devra faire face à sa malédiction : il se transformera en Hulk sous le coup du stress. D'où la
Par Herb Trimpe en 1976phrase que la série des années 70 rendra célèbre : « Don't make me angry ; you wouldn't like me when I'm angry. »
Dans Tales of Astonish, Hulk rencontre dès 1964 un de ses rares adversaires récurrents : le Leader (Samuel Sterns), un scientifique exposé aux rayons gamma (il faut qu'ils fassent gaffe, les mecs, ça commence à bien faire !) dont le cerveau s'est surdéveloppé. Le géant vert se voit à nouveau consacrer son propre magazine en 1968. A cette date, c'est le dessinateur Herb Trimpe qui est aux commandes ; il restera l'artiste attitré du colosse jusqu'en novembre 1975. En 1975, Herb Trimpe passe le relais à Sal Buscema, qui restera fidèle au poste durant dix ans. En revanche, les scénaristes se succèdent à un rythme plus soutenu : après Len Wein, qui écrivait la série depuis 1974, viendront Roger Stern, puis Bill Mantlo qui accompagnera Buscema jusqu'à la fin de son run.
En juillet 1971, un personnage important fait son apparition dans la série : Leonard Samson, dit Doc Samson. Psychiatre de son état, il se reçoit une bonne giclée de rayons gamma alors qu'il tente de sauver Betty Ross (ça vous rappelle plus ou moins quelque chose ?), et devient très très fort. Tout vert ? Non, seulement les cheveux, qu'il décide de laisser pousser et de réunir en un catogan très seyant. Avec un t-shirt rouge moulant traversé d'un éclair, vous imaginez un peu la dégaine du psychiatre. En même temps, son apparence n'a pas grande importance,
Par Sal Buscema en 1979puisqu'il va désormais consacrer sa vie à essayer d'une part de vaincre Hulk, d'autre part d'aider Bruce Banner. Mais concilier les deux s'avèrera difficile...
A partir de 1978, la popularité de Hulk augmente considérablement grâce à la diffusion de la série télé avec Bill Bixby et Lou Ferrigno. Celle-ci, malgré le peu de rapport avec la démesure de la version dessinée, est un succès et se verra gratifiée de cinq saisons puis de trois téléfilms entre 1988 et 1990.
Hulk devient progressivement une sorte de mètre-étalon dans l'univers Marvel : chaque fois qu'un personnage balèze fait son apparition, les lecteurs ne se posent qu'une seule question : « est-il plus fort ou moins fort que Hulk ? ». Du coup, impossible d'y couper, le géant d'émeraude (notez la quantité d'expressions alambiquées qu'on peut utiliser pour éviter d'écrire "Hulk" trop souvent) se castagne avec tous les gros lourds du catalogue, vilains ou pas : l'Abomination (apparu pour la première fois en avril 1967, il sera interprété par Tim Roth dans le film qui sort à la fin du mois), la Chose, le Fléau, Sasquatch, Rhino... Rien d'étonnant donc, dans le fait que la première apparition de Serval / Wolverine ait lieu dans un numéro de L'incroyable Hulk, en 1974 : le baptême du feu est immédiat pour le Canadien griffu !
En février 1980, la famille de Hulk s'agrandit : Jennifer Walters, cousine de Bruce Banner, est avocate et enquête sur de dangereux représentants de la pègre. Tombée sous les balles de ses suspects, elle ne doit son salut qu'à une transfusion de sang... de son cousin maudit. Devenue Miss Hulk à temps complet, elle continuera cependant d'exercer au barreau, et fera partie pendant un temps des Quatre Fantastiques, en tant que remplaçante de la Chose. Miss Hulk est un des derniers personnages créés par Stan ‘The Man' Lee avant sa quasi-retraite. Mais ne nous écartons pas du sujet...
Par John Byrne en 1985En décembre 1985, Marvel frappe un grand coup et confie les rênes du magazine à John Byrne, talentueux maître d'œuvre de Fantastic Four depuis plusieurs années. Signant à la fois le scénario et le dessin, Byrne possède un style qui détonne avec ceux de Trimpe et Buscema. Le deuxième était plus dynamique que le premier, mais aucun ne peut a posteriori rivaliser avec le coup de fouet que donna Byrne en dessinant son Hulk au petit nez et au regard expressif. On peut arguer que tous les personnages de Byrne se ressemblent (c'est pas entièrement faux), mais son trait est séduisant, et ses scénarios ont l'avantage de faire avancer le schmilblick. En l'occurrence, il parvient en à peine deux épisodes à... soigner Bruce Banner ! Doc Samson parvient à capturer Hulk, et à séparer Banner et Hulk en deux entités distinctes. On se doute bien que la version verte et massive va s'échapper et piétiner quelques objets qui ne lui appartiennent pas, mais ce répit permet tout de même à Bruce d'épouser (enfin) l'élue de son cœur : Betty. La dernière fois qu'il avait essayé, il s'était transformé en Hulk au milieu de la cérémonie, c'était de très mauvais goût.
Après avoir bien secoué la série au cours de ces quelques épisodes, Byrne joue la fille de l'air et s'en va réinventer Superman chez DC Comics avec la mini-série The Man of Steel. Lâcheur.
1986-1991 - La tête dans le Hulk
« Banner ! I can hear ya laughin' in my head, ya little wimp ! Ya can't hide in my skull forever. I'll get to ya somehow, sooner or later. I'll beat you yet. The Hulk always wins, Banner. Always. »
Byrne parti, Marvel le remplace par Al Milgrom, lui aussi scénariste-dessinateur. Et lui aussi a des envies de changement : puisque Bruce Banner n'est plus le Hulk vert, il va redevenir... un Hulk gris. Comme dans le tout premier numéro. Un Hulk intelligent, vicieux, qui ne souhaite qu'une chose : bannir Banner. Pour faire bonne mesure, Rick Jones se retrouve transformé en Hulk vert... Milgrom, aussi pressé que John Byrne d'aller voir ailleurs s'il y est, quitte la série au bout d'un an. Le duo qui lui succède en 1987 n'est pas à prendre à la légère : Peter David au scénario, Todd McFarlane au dessin. Le premier est directeur des ventes de Marvel, et personne ne croit en sa capacité d'écriture ; le deuxième est un petit gars que personne ne connaît, casé sur Hulk par défaut. La suite se joue de tous les pronostics : Peter David restera scénariste de Hulk durant onze ans, et rendra la
Par Todd McFarlane en 1987série plus populaire qu'elle ne l'a jamais été ; et Todd McFarlane, après un an à dessiner le géant gris, deviendra l'artisan du renouveau de Spider-man, puis le créateur du célèbre personnage Spawn.
Et Hulk dans tout ça ? Il évolue au fil des dessinateurs. Les premiers épisodes dessinés par McFarlane ressemblent à ceux de John Byrne, mais son style évolue rapidement vers celui qu'on lui connaît, plus tendu et affecté d'une tendance à la caricature, avec un soupçon d'influence asiatique visible dans les grands yeux de ses personnages. Lorsque Jeff Purves reprend le dessin en 1988, il tente de reproduire le Hulk de McFarlane, mais son trait est plus pataud, a moins de caractère ; il sera remplacé en 1990 par Dale Keown, qui sera le meilleur collaborateur de Peter David. Au cours de cette période, Hulk est toujours gris, et redevient au cours de la journée un Bruce Banner déprimé, qui se retrouve souvent enfermé dans un lieu d'où seul son alter ego malin pourra sortir une fois la nuit tombée... Cet Hulk-là se construit une vie à part entière, et devient même videur de casino sous le nom de Joe Fixit.
C'est à cette époque que Doc Samson parvient à faire le point sur le cas de Bruce Banner : celui-ci possède trois personnalités, répondant à la classification freudienne. Le Surmoi, c'est Banner le scientifique, pondéré et civilisé, maniaque du détail et doté d'un solide sens moral. Le Moi, c'est le Hulk gris, une version agressive et débarrassée des inhibitions de son alter-ego humain ; sous cette forme, il exprime ses frustrations et sa haine sans retenue, tout en conservant son intelligence. Et le Ça, c'est le Hulk vert, l'être mu uniquement par l'instinct de survie ; il ne s'exprime qu'imparfaitement, et n'a pas conscience des conséquences de ses actes. Banner aurait semble-t-il séparé ces trois entités inconsciemment, à cause d'une enfance pénible au cours de laquelle son père alcoolique le battait...
1991-1999 - Comme Hulk et chemise
« I happen to be a walking encyclopedia. Also a walking tank ! In fact... an entire army. »
Peter David et Dale Keown, après avoir mis à plat cette histoire de triple personnalité, décident de faire simple : ils vont touiller les trois. En 1991, le Hulk nouveau arrive : vert, intelligent, raisonnable, en pleine forme, il est la fusion de tous les aspects de Bruce Banner. Il n'existe plus que sous une seule forme, qu'il assume et décide de mettre au service de la justice et de la castagne. C'est le début d'une nouvelle ère. De 1991 à 1998, Peter David s'amusera comme un petit
Par Dale Keown en 1992fou avec son Hulk proactif et sympathique. A Dale Keown succèdent Gary Frank, Liam Sharp, Angel Medina, Mike Deodato Jr. puis Adam Kubert, tous donnant vie avec le même enthousiasme au Goliath écrit par David... On retiendra notamment la minisérie Futur imparfait, dessinée par George Pérez, au cours de laquelle un futur alternatif dévoile un Hulk barbu autoproclamé roi du monde ; on s'en doute, le Hulk d'aujourd'hui va lui apprendre la modestie à coups de pompes dans le train.
Mais les meilleures choses ont une fin, et Peter David quitte la série en septembre 1998, laissant la plume à Joe Casey. Histoire de bien plomber l'ambiance, il fait mourir Betty Banner juste avant de partir. Joe Casey, à qui on avait dit qu'il serait juste un auteur intérimaire, se retrouve obligé de gérer cette crise... et de signer le dernier numéro de Incredible Hulk en mars 1999, la série laissant place au nouveau magazine plus sobrement intitulé Hulk. Le dessinateur Javier Pulido fera de la couverture de ce numéro 474 un hommage à celle du numéro 1, comme Dale Keown l'avait fait pour les trente ans du personnage en 1992.
En 1994, Hulk avait fait une incursion dans l'univers de 2099, une réinvention des personnages de Marvel dans un futur inquiétant contrôlée par une multinationale appelée Alchemax. Cet Hulk arriva un peu tard dans la bataille, et ne survécut que 10 épisodes, jusqu'à l'arrêt de la collection 2099 en septembre 1995.
1999-2008 - Plein le Hulk
« So that's it ? You growl ? No "Hulk am strongest there is ?" You're juste an animal ? »
Le nouveau Hulk, annoncé à grand renfort de publicité et lancé sous trois couvertures différentes pour faire jouir les collectionneurs, est dessiné par Ron Garney et scénarisé par... John Byrne, de retour sur le titre après 13 ans d'absence. Pourtant, le résultat est d'un classicisme presque navrant, montrant un Bruce Banner errant comme dans la série télé, et un Hulk vert fou furieux qui sert de simple prétexte aux joyeux excès visuels de Garney. Byrne ne tient même pas son engagement de douze épisodes, et se fait la malle après le 10ème, laissant son
Par Lee Weeks en 2002 (!)dessinateur se dépatouiller du personnage avec une ribambelle de nouveaux collaborateurs. Le magazine reprend vite le titre The incredible Hulk (ah bravo, ça valait le coup de changer), et le monstre redevient gris à la fin de l'année 2000. Si vous avez l'impression qu'on tourne en rond, c'est normal.
A partir de 2002, c'est Bruce Jones qui s'occupe du scénario ; on s'amusera de constater qu'il porte le prénom de Bruce Banner et le nom de Rick Jones. Sur les couvertures de ses deux ans de passage, lui et ses dessinateurs ont complètement craqué, transformant en apparence la série en strip comique (avec Lee Weeks) ou en polar expérimental (avec Stuart Immonen).
Pendant ce temps, au cinéma, le Hulk de Ang Lee (2003) se fait démonter par les fans, qui n'y voient qu'une version live de Shrek.
Peter David revient en 2004 avec son arc Tempest fugit, dessiné par Lee Weeks. Pendant ce temps, Jeph Loeb se fait les dents sur le personnage avec la mini-série Hulk: Gray dessinée par Tim Sale. Sur la série principale, à Peter David succèderont Daniel Way et surtout Greg Pak, qui secouera le monde de Hulk avec ces deux arcs radicaux que sont Planète Hulk et World War Hulk. Le deuxième s'achèvera par une modification surprenante début 2008 : The incredible Hulk devient The incredible Herc, puis The incredible Hercules. Par un habile (?) tour de passe-passe, la gargouille verte a laissé la place au demi-dieu grec. Mais il s'agit toujours du même magazine...
Par Ed McGuinness en 2008En parallèle de ce changement de titre, et tandis qu'un deuxième film est annoncé pour juillet 2008 avec Edward Norton, un nouveau numéro 1 de Hulk sort en mars 2008, encore une fois débarrassé du "Incredible" (vous êtes sûr ce coup-ci, vous n'allez pas le remettre ?). Et cet Hulk-ci est... rouge ! Enfin du neuf ? Oui, d'autant qu'un mystère entoure cette brute épaisse qui dézingue tous les personnages de la série au mépris de toutes les conventions internationales (qui interdisent, comme chacun sait, de tuer trop de personnages)... La solution de ce mystère semble dévoilée dans le numéro 4, actuellement en vente aux USA. En tout cas, ces épisodes écrits par Jeph Loeb et Ed McGuinness déploient une énergie titanesque qui promet un avenir plus souriant au colosse destructeur, qui devenait un peu mou ces dernières années. Et un Hulk trop mou, c'est pas terrible.