La Geste des Chevaliers Dragons - Tome 7 - Revoir le soleil
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 15/05/2008 (Les chevaliers dragons sont de farouches vierges guerrières dont le passe temps principal est de latter quoi... du dragon donc. Deux règles d'or régissent leur activité : ne jamais se mêler de politique et se mettre à poil avant la mise à mort.
Cette série dont l'originalité a déjà été commentée ici et là, change de dessinateur à chaque nouvel opus, et présente à chaque fois une histoire différente et indépendante. Ainsi chaque aventure raconte la quête de plusieurs héroïnes casseuses de lézard surdimensionné, dont la virginité est un pré-requis à l'embauche. C'est en effet leur seule garantie d'échapper aux effets dévastateurs du Veill, l'influence maléfique déformant le monde aux environs des dragons.
Dans ce tome-ci, quatre chevaliers dragons sont dépêchées par leur ordre dans la Cité des Elus, pour casser la
Vraiment ? Vraiment !gueule du dragon qui sommeille dans le volcan voisin. Retenues par des lenteurs administratives exaspérantes, l'inquiétude les gagne de voir le Veill s'épanouir au delà du raisonnable. Malgré cette menace imminente et leur désir d'agir au plus vite, les chevaliers doivent se soumettre à ce rythme, leur hiérarchie leur ayant interdit d'agir et d'attaquer la bête sans avoir obtenu le consentement préalable des autorités de la ville. Et c'est bien là la question que se posera le lecteur censé : qu'est-ce que c'est que cette directive à la con ?
Merde... c'est quoi mon texte ?Passé le joli travail de la couverture, qui semble être là pour tromper son monde, le dessin de Thierry Démarez est plutôt laid, à tendance approximative et vieillotte. On se tape donc 30 pages de personnages moches et indéfinis évoluant dans un univers bancal. Pourquoi 30 ? Car ça s‘arrange un peu vers les dernières planches, plus acceptables, comme si les précédentes avaient servi d'échauffement. Mais à bien y regarder, l'intérêt de ces pages réside dans la baston contre le dragon, qui doit énormément à la dynamique imposée par les couleurs. Le coloriste, Stéphane Paitreau, seul qui donne l'impression d'avoir eu envie de se faire un peu chier, et ce tout au long de l'album, peine malgré tout à entretenir tout seul le peu d'intérêt susciter par la lecture.
Pour ne pas être en reste de la médiocrité picturale de l'ouvrage, le scénario, élaboré par le duo ANGE, fatigue très vite le plus patient des lecteurs. Très tôt on apprend que les chevaliers ont reçu l'ordre de n'intervenir qu'avec l'aval des autorités de la cité, et jamais on ne saura pourquoi. Ainsi, et sans aucune justification dans l'histoire elle-même, les auteurs font poireauter les chevaliers pour leur permettre de prendre conscience de l'horreur
Eh les meufs ! Regardez un peu ça !que constitue la condition des petites gens. On ne peut pas croire que cela relève d'une volonté de leur ordre, vu l'interdiction qui leur est faite de se mêler de politique. On pourrait malgré tout supposer que l'ordre tente sciemment de faire durer les choses, dans le but de nuire à cette ville, pour une raison obscure, mettant pour ce faire quatre de ses éléments en danger. Mais quand bien même ce serait le cas, on n'aurait pas pu le présenter plus mal et d'une façon plus soporifique. Cette attente délibérée et illogique transpire donc la volonté des auteurs de mettre en exergue ce message dont la fraîcheur nous étourdit : l'esclavagisme c'est pas bien !
Le tout se solde donc par une mise en scène de personnages évoluant dans un monde médiéval, mais disposant d'une réflexion sur la condition humaine propre à la seconde moitié du 20e siècle, encore et toujours pour véhiculer les mêmes messages épuisant de tolérance de comptoir. N'est pas Robert Merle qui veut.
Vu comme c'est parti, il y a fort à parier que les prochains adversaires des chevaliers dragons porteront un brassard avec une croix gammée et fumeront leurs clopes (parce qu'on fume chez les chevaliers dragons, eh oui !) entre un pouce et un index crochus.