6/10Le Cercle de Minsk - Tome 1 - Le maillon perdu

/ Critique - écrit par athanagor, le 24/10/2008
Notre verdict : 6/10 - A l'est rien de nouveau (Fiche technique)

Giroud et sa grande expérience de scénariste nous entraînent dans les dessins de Stalner pour une histoire certes bien menée, mais qui sent tout de même le manque d'originalité.

Iannis Klinkert est un enfoiré de social-traître qui a profité d'une compétition internationale d'escrime en 1989, à laquelle il participait et qui se déroulait au Brésil, pour passer à l'ouest et renier la RDA. Déjà, il commence mal ! Pour tenter de se racheter une conscience, il fait le médecin dans les camps de chercheurs d'Impressions du Brésil
Impressions du Brésil
or au Para (Amazonie brésilienne). A la mort de ses parents (de nos jours), il revient en Allemagne pour quelques jours, assister à leur inhumation, et ramène comme seul souvenir le dessin d'un tapir qu'il avait réalisé étant jeune et que ses parents avaient pris soin d'encadrer précieusement. Malmené par le personnel au sol exploité de l'aéroport impérialiste de Belém, le cadre brisé laisse apparaître, caché derrière le dessin, un bout d'étoffe représentant la 21e lettre de l'alphabet hébreu, shin. Iannis est loin de se douter que cette étoffe et cette lettre revêtent une importance telle que sa vie en sera mise en danger.

Grâce au métier de Frank Giroud, scénariste entre autre du Décalogue et de Secrets : Samsara, récemment nominé au 19e prix des libraires, et au coup de crayon de Jean-Marc Stalner, on suit avec facilité l'ouverture de cette aventure sur fond de Kabbale. Le scénario de Giroud est fluide et sans lourdeur, les situations Le plombier... déjà ?
Le plombier... déjà ?
s'enchaînent avec crédibilité et on ne se retrouve jamais avec un personnage sorti de nulle part qui porte subitement tout le poids de l'intrigue sur ses épaules. Cette histoire rondement menée est justement servie par le dessin réaliste de Jean-Marc Stalner, frère aîné d'Eric, qui malgré une insistance parfois un peu lourde sur l'anatomie féminine, se révèle très mobile dans son essence et bien suppléé par les couleurs expressives d'Esteban. On se retrouve, au final, face à une œuvre sérieuse tant dans sa conception que dans la forme de son propos, forme assez dure et dégageant une certaine violence, qui ancre l'ouvrage dans une réalité contemporaine éloignée, autant que faire se peut, de tout artifice romanesque. Le viol suggéré de la sœur de Iannis par des hommes de main à l'hygiène corporelle apparemment douteuse renforce cette volonté affichée de ne pas faire dans le moelleux et de rajouter des zestes de sueur grasse dans les yeux du lecteur, pour l'amener le plus possible à considérer l'histoire comme actuelle et réelle.

Malheureusement et malgré tout le talent en présence et le traitement de la forme, le fond nous ramène à quelque chose d'étrangement familier, tant et si bien que l'ouvrage finit par se noyer de lui-même dans une massOù ça ?
Où ça ?
e d'ouvrages traitant du même thème. Le sous-titre de la série présenté sur le quatrième de couverture semble d'ailleurs abonder dans ce sens : « Et si l'avenir de l'humanité se jouait à une lettre près ? ». Pas de doute donc, et confirmation au fur et à mesure de la lecture, ce premier tome nous embarque de toute évidence sur la trace d'une loge secrète ou un truc dans le genre avec une petite originalité consistant à ajouter la chute du mur de Berlin à l'équation. Cette secte, à n'en pas douter, détient et protège un secret kabbalistique censé protéger le monde de lui-même, ou d'une engeance de bâtards particulièrement motivés, qui veulent mettre le bronx dans toutes les institutions qu'ils sauront approcher. Ces gens-là sont très très méchants, comme le figure l'homme de main blond, musclé, et sans pitié qui piège Iannis et kidnappe sa sœur.

Depuis la parution du Da Vinci Code, il est difficile de ne pas voir ce genre d'ouvrage comme une resucée des vieux thèmes du complot religieux et surtout, de ne pas avoir l'impression qu'il en sort une vingtaine chaque mois, en BD, livre ou film, sur l'idée d'un secret tournant autour du Christ, de l'Eglise, d'un Evangile ou de la Torah. Alors, à quand un complot monté sur le numéro hors série perdu de Téléstar, histoire de remettre un peu les pendules à l'heure ?