Les Bidochon - Tome 19 - Internautes
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 21/09/2008 (Un dix-neuvième tome de qualité pour les Bidochon qui devrait séduire un large public. C'est drôle, fin, un peu grinçant, proche de nous... Tout ce qu'on aime chez Fluide...
Bidochon : nom commun, voire très commun. Chaînon manquant entre le beauf franchouillard détestable et le beauf franchouillard sympathique. Le Bidochon vit en couple dans un modeste pavillon de banlieue après une tentative ratée en Habitation à Loyer Modéré et une autre, catastrophique pour construire sa propre maison, sucrée, maison. Le Bidochon est aimant, même si ce n’est pas tous les jours facile et qu’il passe souvent à côté des torrents déchirants de la passion. Le Bidochon se modernise au fil du temps, se musclant les oreilles au Sporélec ou téléphonant à tour de bras pour user le forfait. Il est donc logique, suivant les normes traditionnelles de l’évolution, que le Bidochon se mette à Internet.
Pour ceux qui espérent encore
la venue d'Alice Wouhou L’album est très réussi, ce qui est assez redondant quand on parle de Binet mais reste quand même un fait notable. Il rappellera à tout un chacun les soirées interminables passées avec une vieille tante pleine de volonté, mais complètement dépassée à essayer d’expliquer, sans pour autant sortir une batte de baseball et défoncer l’appartement, comment aller sur Internet, cet outil merveilleux à la portée de tous mais qui reste pour le néophyte un fatras incompréhensible déclencheur de nombreuses crises de nerf.
Première étape, brancher l’ordinateur. Dès la première case, Binet nous transporte dans cet univers trépidant du quotidien qu’il est le seul à rendre à la fois tendre et drôle. Armés de patience et d’un manuel, Robert et Raymonde se heurteront au pire pour enfin pouvoir surfer à leur guise. Contraints d’appeler la « Chaude Line », ils pourront ensuite profiter du modernisme propre à l’informatique comme le Copier/Coller à l’aide de post-its…
Monsieur le Spam
L’album est truffé de gags réussis de ces quinquagénaires au front bas, décidément peu doués pour le monde extérieur, tombant dans les pièges le plus grossiers pour notre plus grand plaisir sadique.
L’un des rares à ne pas être passé à la couleur chez Fluide Glacial, Binet conserve son trait et son talent. Dans un décor simplissime agrémenté seulement de quelques tapisseries à fleurs dont même votre grand-mère ne voudrait pas, Raymonde et Robert, leurs grosses mains boursouflées caractéristiques, évoluent toujours aussi piteusement. On retrouve les lâchetés de Robert et l’intelligence pratique de Raymonde, mais aussi René, ami fidèle est dévoué, Dieu, un vendeur de Viagra et toute une galerie de personnages aussi absurdes les uns que les autres. Car, trouvaille intéressante de Binet, sans cesse à la recherche d’un nouveau traitement de la narration, chaque objet ou personne trouvé sur internet apparaît en direct sur le canapé (à fleurs).
Les ravages de la pornographie sur le netUn album donc de toujours aussi bonne facture qui se lit avec un réel plaisir. Des personnages qui restent d’actualité malgré la longueur de la série et desquels il semble que l’on ne doive jamais se lasser.
Et grâce à la « Chaude Line », ils ont même réussi à créer un site : http://www.bidochon.fr/accueil/, garanti sans cheval de Troie russe et alcoolique.