8/10Batman - 2000 - Ego + Catwoman - 2002 - Le gros coup de Selina

/ Critique - écrit par riffhifi, le 14/10/2008
Notre verdict : 8/10 - Batmanalyse (Fiche technique)

Tags : batman catwoman selina gotham bruce comics ego

Deux récits du scénariste-dessinateur Darwyn Cooke. Curieusement, le plus intéressant n'est pas tant l'introspection de Batman, déjà lue sous d'autres formes, que l'aventure solo de Catwoman.

Darwyn Cooke, avant de recevoir un Eisner Award en 2005 pour sa mini-série Justice League : The new frontier (qui a généré un long métrage animé, sorti cette année aux USA en vidéo), a fait son trou chez DC Comics en livrant un récit fort de Batman et une saga surprenante de Catwoman. Le premier s'appelle Ego, et le deuxième a pour point d'orgue l'histoire Le gros coup de Selina (Selina's big score) : les deux sont réunis par Panini dans ce hardcover séduisant malgré l'absence totale de présentation et de bonus.

Ego n'a rien d'une aventure : après avoir été témoin du suicide d'un malfrat, Ego
Ego
Batman se retrouve seul chez lui, face à son démon. Mais Batman n'est-il pas justement le démon de Bruce Wayne ? Cette étude de la schizophrénie du personnage n'est pas à proprement parler révolutionnaire, et certaines vérités énoncées ici ont été assenées dans le récent
Dark Knight cinématographique : le Joker est le contre-point parfait de Batman, Double-Face représente la perte de contrôle à laquelle Batman n'échappe que de justesse... Quant à la fascination originelle de Bruce pour le personnage de Zorro, elle était déjà évoquée dans le Dark Knight returns de Frank Miller, en référence l'influence avouée que le justicier masqué avait eu sur Bob Kane lors de la création de son personnage. Le dessin, quant à lui, renvoie directement à la série animée des années 90, ce qui est logique puisque Cooke a travaillé dessus en tant qu'animateur. Pourtant, on est loin d'un de ces albums moches aux couleurs de la série animée, conçus pour les spectateurs en bas âge qui ne distinguent pas encore un travail graphique d'un assemblage de photocopies : Ego, avec sa violence stylisée, sa narration dense et haletante malgré sa nature d'introspection, et sa mise en couleur alternant les scènes nocturnes et les rouges incandescents, marque l'éclosion d'une forte personnalité.

Le gros coup de Selina, franchement, on n'en attendait pas grand chose : une aventure en solo de Catwoman ? Le scepticisme des premières pages finit par être Le gros coup de Selina
Le gros coup de Selina
balayé par ce constat : on est davantage surpris par cette histoire que par la précédente. Graphiquement, le style se rapproche moins des comics traditionnels que des bandes dessinées intimistes de la collection Expresso chez Dupuis. L'encrage y est certainement pour beaucoup, avec ses pleins et ses déliés, mais le choix de privilégier les plans rapprochés et de miser sur un minimum d'action est également un facteur d'immersion dans cette intrigue qui révèle le passé de Selina Kyle. Darwyn Cooke ne se prive pas pour autant de quelques larges cases saisissantes, notamment celle où un détective privé suspend un homme du haut d'un immeuble sous la pluie battante...L'ambiance polar fonctionne incroyablement bien, et on se surprend à ne pas regretter un seul instant l'absence totale de Batman dans ce récit, qui occupe finalement plus de la moitié de l'album.

Sous une couverture presque trompeuse qui vend essentiellement du Batman alors qu'il n'occupe qu'une petite moitié du programme, l'album recèle deux pépites très différentes, signées d'un auteur-artiste intéressant et talentueux.