Auto bio* - Tome 2
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 10/09/2009 (Cyril Pedrosa continue d'auto-croquer brillamment sa vie de famille écolo-bobo, toujours partisan du « faites ce que je dis, pas ce que je fais, sauf quand j'arrive à faire ce que je dis que je vais faire ».
L'an dernier, le premier tome d'Auto Bio* apparaissait comme un one-shot savoureux, une chronique amusée de la propre vie familiale de l'auteur et de ses aspirations écologiques en perpétuelle contradiction avec son amour des saucisses-cocktails. Cyril Pedrosa signait là son entrée dans l'équipe Fluide Glacial, sans pour autant abandonner ses précédents éditeurs Delcourt et Dupuis. Le titre était trop bien trouvé (il s'agit d'une "auto bio" graphique et d'une réflexion sur la
Ribambelle pour une poubelleculture "bio") pour ne pas continuer sur sa lancée : nous voici donc rendus au tome 2, en attendant la suite...
Inévitablement, on se trouve confronté au problème de la répétition. Outre la compétition que constitue la série parallèle de son confrère Chauzy (Petite Nature, une série autobiographique de Fluide sur le quotidien d'un grand échalas de dessinateur flanqué de deux gamins à élever, difficile de passer à côté de l'analogie), Pedrosa doit éviter l'écueil de ressortir les mêmes gags que dans le premier tome, déclinés en autant de variations interchangeables. Pour être tout à fait honnête, on n'y échappe pas complètement : le procédé qui consiste à voir le héros professer de bonnes attitudes pour ensuite sombrer dans le vice inverse est ainsi largement exploité... Mais explore finalement une vaste palette de thèmes, allant de la nourriture au téléchargement en passant par les jeux vidéo. Le quotidien de la petite famille déborde donc régulièrement du strict sujet de l'écologie, pour embrasser plus généralement celui de la recherche du "bien vivre" (respect des autres, épanouissement personnel, éducation responsable des enfants, etc.). Rien n'y est jamais prêchi-prêcha puisque l'auteur lui-même passe son temps à se remettre en cause et à s'interroger sur le bien-fondé de ses convictions et sur leur bonne application.
Il arrive également que la narration se tourne vers la mise en abîme, rappelant là
Trois ombresencore le dernier opus de Chauzy, avec son auteur de bande dessinée en pleine auto-représentation limite narcissique, décrivant son quotidien éreintant fait de séances de signatures et de relations tendues avec la rédaction d'un magazine. Mais une nouvelle fois, Pedrosa évoque le tout avec suffisamment d'humour pour ne pas sembler poseur, et se paie même le luxe d'évoquer la réception du premier tome d'Auto Bio* : œuvre engagée, de pur humour, écolo, anti-écolo ? Il nous avait déjà répondu sur le sujet l'an dernier, rappelant que son intention était multiple et que rien n'était jamais tout noir ou tout blanc.
L'essentiel ici, au-delà de l'éveil aux problématiques vertes, est bien la drôlerie des situations et des dialogues, maîtrisée par un auteur-dessinateur à la patte personnelle (un dessin tout en longueur et en courbe, mis en avant par les couleurs franches de Ruby), aussi à l'aise dans cet humour adulte que dans la publication jeunesse (Brigade fantôme) ou l'intimisme fantastico-dramatique (Trois ombres).