5.5/10Vinci - Tome 2 - Ombre et lumière

/ Critique - écrit par athanagor, le 29/10/2009
Notre verdict : 5.5/10 - Quatre visages et un enterrement (Fiche technique)

Tags : tome vinci eur convard ombre chaillet lumiere

Second et dernier tome du polar sur Léonard de Vinci, mené par la paire Convard - Chaillet. De ces deux livres par ces deux auteurs, deux mots resteront : C'est tout ?

Suite, et malheureusement fin, de ce qu'on avait dans un premier temps espéré voir se perpétrer en plusieurs tomes confus et mystérieux, paumant misérablement le lecteur à la concentration profonde dans les méandres sinueux d'une intrigue politico-policière incompréhensible pour la plèbe vagissante. Et bah non ! Peau d'balle ! C'est le majordome qui a fait le coup Venise
Venise
(pas vraiment en fait, mais vous voyez l'idée), on se dépêche de cracher le morceau avec un deuxième tome et on en parle plus.

Ainsi, après avoir fait fi des éléments qui pouvaient rebuter son goût et s'être attaché à l'espoir secret que Convard allait nous en sortir une belle, le lecteur tourne la dernière page avec une légère perte de confiance en l'espèce humaine. Il s'en est passé du temps, pendant lequel cette âme bienveillante, touchée par des indices du tome 1, a nourri l'espoir de voir lui être révélé un secret profond. Ce temps, il l'a également mis à profit pour apprendre, par la lecture acharnée de Vasco, à apprécier le trait de Chaillet et pardonner ses approximations anatomiques. D'ailleurs, soulignons qu'une fois de plus, le bougre envoie tout ce qu'il a sous le capot dans l'architecture des villes italiennes, avec un talent saisissant pour le détail, donnant à voir un travail impressionnant, surtout considérant le peu de temps qui sépare les deux albums et son carnet de commande actuel. Grâce à ces illustrations, l'immersion est totale pour l'ambiance « renaissance italienne ». Mais cette façon tatillonne se brouille d'elle-même sur les corps. Ce malaise finit alors par gêner le lecteur, qui éprouve plus de compassion que d'envie de railler, à l'égard d'un auteur qui donne involontairement envie de rire dans la représentation d'un viol. Dans cette attitude prostrée de celui qui ne sait trop quoi dire face à la détresse, le lecteur additionne cette gêne à ses espoirs déçus, et se perd alors dans la contemplation semi-autistique de sa paire de baskets usée, hésitant à changer de sujet de conversation par un laconique « et ta femme, ça va ? », alors qu'un silence bruissant des étranglements sourds que font naître les larmes serrées entre les dents de la dignité, mouille inexorablement l'atmosphère feutrée de son living room, autrefois joyeuse. Puis ressaisissant son courage avec la force et le panache d'un Lance Armstrong en phase terminale, il se souvient qu'il ne s'agit après tout que d'une BD, et, bien vite, des éclats de rires résonnent de concert avec le chant mousseux et pétillant d'une bière d'abbaye quelconque. Certes, on s'était attendu à quelque chose de plus surprenant, de plus intrigant et surtout de plus développé. Mais aurait-il été possible de faire durer une telle intrigue sur de nombreuses années ? Florence
Florence
Doutons-en et resservons-nous. Après tout, sans être l'extravagante épopée que l'on s'imaginait, ce diptyque rempli assez bien son premier contrat de mener le lecteur de la première à la dernière page, sans lui donner envie de ne plus savoir lire.

Partant sur une idée qui se révèle, à la fin de l'ouvrage, être simple, les auteurs parviennent à humaniser ce personnage mythique d'inventeur de génie, d'une façon différente de celle prônée par Turk et De Groot. Ainsi, ne lui donnent-ils pas seulement des traits (avec de beaux cheveux blonds qui flottent au vent), mais surtout ils surfent sur l'impressionnante capacité de cet homme à inventer, capacité qui en fit un être d'exception, admiré encore aujourd'hui. Ce que les auteurs proposent ici, c'est, par le biais d'une aventure policière, un éclairage fantasmé sur ce qui motiva cet homme à une telle prolixité, et ce qui orienta le choix de ces travaux et de ces commandes. Bien sûr, les auteurs finissent par en faire des caisses et par attribuer à l'homme un pouvoir inventif et un succès dans ces réalisations au-delà du raisonnable. Mais en résonance avec le mode opératoire du tueur, cet aspect "too much" finit par passer dans ce qui apparaît comme un polar pas trop mal ficelé même si très prévisible.

Tout ceci étant dit, il reste une BD sympathique avec une seule idée forte et trois tonnes de broderie autour. Peu de surprise donc, et une légère déception, mais le talent des deux auteurs leur permet, sans trop forcer, de remplir honnêtement leur contrat. Pourtant, ne resteront, au bout de quelques temps, que de vagues souvenirs de l'existence de l'ouvrage, ce qui en soit n'est pas honteux, mais assez dommage pour une œuvre ayant bénéficié d'une telle promotion.