3/10Les Véritables légendes urbaines - Tome 3

/ Critique - écrit par riffhifi, le 25/09/2009
Notre verdict : 3/10 - Un coup de pied dans les joyeuses urbaines (ou du moins on le souhaiterait) (Fiche technique)

Fidèle à l'esprit des tomes précédents, ce recueil d'histoires supposées horrifiques se résume encore une fois à de piètres idées illustrées sans joie par des dessinateurs qui valent mieux que ce job d'été.

Il faut croire que la formule se vend, puisque Rémi Guérin et Eric Corbeyran en sont à leur troisième livraison de ces Véritables légendes urbaines. Pourtant, sorti de leur capacité à réunir différents dessinateurs talentueux sur un projet commun, ces albums n'ont pas grand chose à défendre : idées éculées, traitées à la va-vite sans injection de la moindre personnalité, ambiance d'une glauquerie trop familiale pour satisfaire l'amateur d'horreur... Une production commerciale et racoleuse, très décevante dans l'ensemble des sorties proposées par Dargaud.

Aaaah !
Aaaah !
Le narrateur, ce mec au chapeau mou et aux lunettes fumées qu'on a déjà rencontré dans les deux premiers tomes, propose à nouveau quatre histoires et un bonus. Ce dernier, divisé entre l'introduction et la conclusion, est d'une nullité si vertigineuse qu'on se demande bien à quelles extrémités les auteurs seront réduits lorsque leur inspiration sera RÉELLEMENT tarie, à quelques volumes de là... Dommage, le dessin de Philippe Fenech (L'empire des Mecchas chez Soleil) est peut-être le plus stylé du recueil.

La première histoire, une fois n'est pas coutume, est la plus réussie grâce au petit fond de crédibilité qu'elle recèle ; pas de quoi grimper aux rideaux non plus, le sujet est connu (ne dévoilons pas la chute, sinon il ne reste plus rien !), mais l'ambiance est là grâce aux larges cases de Tarquin (dessinateur des célèbres Lanfeust de Troy et Lanfeust des étoiles chez, tiens donc, Soleil). La deuxième, illustrée par Olivier Berlion (le blockbuster Tony Corso), fait dans l'enquête alambiquée à la Agatha Christie... expédiée en une dizaine de pages ; difficile de s'enthousiasmer pour un mystère qui ne prend pas le temps d'escagasser le lecteur, ou pour l'intervention de "l'homme au chapeau" en patient de la morgue, singeant maladroitement John Carpenter dans son téléfilm Body Bags. Dans la troisième partie, c'est au cimetière que l'on retrouve le narrateur (ouh, morbide), avant de rencontrer un duo d'héroïnes constitué de jumelles antinomiques. Le dessin de Stéphane Bileau (à l'œuvre sur les séries bretonnes de Soleil - oui oui, Soleil - telles que Les contes de Brocéliande, Les contes du Korrigan, La quête du Graal) met l'accent sur la plastique affriolante des deux Le lecteur des Véritables légendes urbaines
Le lecteur des Véritables légendes urbaines
nanas, procurant ainsi la seule touche de sensualité de l'album. N'allons pas jusqu'à parler de sexualité, car le racolage est ici de nature "familiale", il n'est pas question de montrer de l'horreur trop graphique ni de dévoiler des bouts de nichon, rolala. Si on ajoute à cet état de fait la nature extrêmement morale des chutes, on se retrouve presque avec le genre de bouquin que le curé de votre diocèse pourrait recommander à ses ouailles pour lire le dimanche après-midi après la messe. Mais à y bien regarder, les récits du type Contes de la crypte (et leurs modèles de chez EC Comics ou de la série Alfred Hitchcock présente) proposaient eux aussi le plus souvent des fables où les vilains étaient punis... Ils le faisaient simplement avec plus d'adresse et de malice !

La dernière histoire, dessinée par Renaud Garreta (Insiders, Le maître de Benson Gate), porte bien son titre : Ennui mortel. Un seul protagoniste, tout seul chez lui en plein jour... Le texte de narration nous le présente comme un bougre de salopard, on se doute donc qu'il sera châtié. Mais franchement, on s'en tamponne les amygdales avec nonchalance. Il est probable que le pari de raconter des historiettes de 10 à 13 pages (introduction et conclusion comprises) soit une gageure pour le scénariste de filer des frissons à ses lecteurs. Mais bon, hein, on ne leur a pas demandé d'essayer...