6.5/10Je suis légion - Tomes 1 et 2

/ Critique - écrit par iscarioth, le 30/01/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Je suis complexe (Fiche technique)

Tags : eur suis tome legion nury manga fabien

Critique des tomes 1 et 2 : on reconnaît à cette bande dessinée un scénario très fouillé et une façon novatrice d'aborder le fantastique. Mais la multiplicité des personnages ainsi que la virulence et la fréquence des transitions nous déroutent plus que de raison.

Retro-anticipation

Je suis légion a suscité un grand engouement, avant même sa sortie, de par le simple fait qu'on retrouvait au scénario le nom de Fabien Nury qui a travaillé sur le deuxième tome de WEST, la série western la plus plébiscitée de ces dernières années. Vers la moitié de l'année 2004, les articles faisant l'éloge de Je suis légion se sont multipliés dans la presse papier et du web. Un vrai phénomène, dans la sphère bédéphile. Je suis légion passionne surtout pour son intrigue très épaisse, une sorte d'anticipation au passé. L'histoire est, comme l'annonce le titre, multiple. Divers personnages, plusieurs destins qui s'entrecroisent autour d'une fillette qui n'a rien d'innocent : Ana Anslea. L'issue de la seconde guerre mondiale est incertaine, l'Allemagne nazie est en plein déploiement de sa puissance. Comme chacun sait, les nazis ont réalisé un bon nombre d'expériences sur leurs prisonniers juifs. Je suis légion nous montre (et c'est à ce propos que l'on peut parler d'anticipation au passé) des scientifiques nazis expérimentant un pouvoir capable de contrôler, à partir d'un seul corps, les mouvements de plusieurs autres individus...

Une histoire compliquée

Je suis légion relève assez largement du genre policier. Des passages dialogués très soutenus et prolongés, une enquête et un cadrage qui rappellent les films noirs. Je suis légion est aussi à rattacher au genre fantastique, voire horrifique. Les personnages sont multiples, et cette caractéristique séduira les uns autant qu'elle rebutera les autres. Je suis légion ne se lit pas à la légère. Il faut savoir photographier les visages, suivre attentivement le fil des conversations. L'album est très dialogué, lourd penseront certains, et se lit moins vite qu'une bande dessinée habituelle. Cette impression de lire une bande dessinée qui mise bien plus sur le contenu que sur le contenant est confortée par la teneur des dessins. Les décors sont extrêmement minimalistes, parfois inexistants ou alors élaborés à partir d'incrustations photographiques. L'accent est surtout mis sur les visages, aux regards et expressions très intenses malgré leur statisme (les personnages dialoguent souvent la bouche fermée).


Très inspiré de l'Echiquier du Mal de Dan Simmons, Je suis légion impressionne tout autant qu'il déstabilise. On reconnaît à cette bande dessinée un scénario très fouillé et une façon novatrice d'aborder le fantastique. Mais la multiplicité des personnages ainsi que la virulence et la fréquence des transitions nous déroutent plus que de raison.