8.5/10Strangers in paradise - Tome 4 - Love me tender

/ Critique - écrit par riffhifi, le 07/02/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Love them true (Fiche technique)

Tags : moore paradise terry strangers tome comics katchoo

Quelques auteurs invités, une sous-intrigue à base de préservatifs, une foison de gags rafraîchissants... Ce tome est un des plus enjoués et des plus accessibles d'une série qui gagne décidément à être connue.

Que n'a-t-on pas déjà dit à propos de Strangers in Paradise sur ce site ? Récapitulons pour les retardataires : la publication originale des comics de Terry Moore s'est étalée de 1993 à 2007, sur 90 numéros qui représentent 19 tomes reliés. En France, la publication chaotique a fini par se stabiliser lorsque Kymera en a repris les rênes à partir du tome 8. En parallèle, l'éditeur ressort les premiers tomes sous de nouvelles couvertures et de nouveaux titres, tâchant de respecter au maximum les volontés de l'auteur. A ce stade, sont donc disponibles les tomes 1,
2, 3, 4, 8, 9, 10, 11, 12 et 13, ce qui représente à peine plus de la moitié de l'œuvre complète. Il reste de beaux jours de dégustation devant nous.

Love me tender (qui porte pour une fois le même titre que son édition précédente chez Bulle Dog) commence fort, avec une séquence "super-héroïque" de cinq pages dessinée par Josh Wiesenfeld, James Rochelle et surtout Jim Lee, célèbre pour son travail sur les X-men et WILDC.A.T.s, le tout accompagné d'une irruption de couleurs. Strangers in Paradise est coutumière des séquences fantasmées, d'une manière un peu comparable à la série TV Scrubs, et enchaîne ce début surprenant à un flash-forward (Lost ?!) qui ne l'est pas moins : Francine, l'une des deux héroïnes, se voit projetée une dizaine d'années dans le futur, un avenir alternatif qui n'est pas forcément à son goût... Heureusement, le présent est riant : elle profite au mieux de sa colocation avec Katchoo, la co-star blonde, bisexuelle, artiste et espiègle. L'ambiance est bonne dans leur foyer atypique, malgré la présence d'un voisinage soupçonneux façon "Ma sorcière bien-aimée". Cependant, les deux femmes ne s'avouent toujours pas d'attirance autre qu'amicale, bien que celle-ci soit déjà particulièrement fusionnelle, et Katchoo ressasse sa relation avec David tandis que Francine voit ressurgir un ex là où elle l'attendait le moins.

Au cœur de ce tome, on trouve le nouveau travail de Francine dans une boîte de pub, un lieu d'une violence sans commune mesure avec la charge super-héroïque des premières pages, où la jeune fille complexée par son poids aura toutes les
raisons de l'être encore plus. Mais quelle idée aussi, de porter une robe sur laquelle les cerises ressemblent autant à des costumes trois-pièces masculins...

Scrubs, Lost, Ma sorcière-bien-aimée ? La série de Terry Moore aurait-elle des airs de télévision, des velléités d'adaptation ? Pas vraiment, tant son style visuel s'avère propre à la forme dessinée. Son graphisme pur et limpide, fait de noirs et de blancs stricts (sauf dans la première séquence, où la couleur s'insinue dans un univers grisé), retranscrit à merveille les physionomies et les expressions des personnages, jusque dans leurs imperfections attachantes : les poches sous les yeux de Katchoo, le léger embonpoint de Francine... Qui aurait envie de voir des actrices endosser des personnages déjà si vivants ? Pour ceux qui auraient besoin d'une piste sonore, elle est toute trouvée : Love me tender d'Elvis Presley (a capella si possible) et Is this anyway to fall in love ? de Linda Eder...

Prochaine étape : le tome 14. Vous suivez ?