7/10Le Sourire du clown - Tome 3

/ Critique - écrit par naweug, le 21/01/2010
Notre verdict : 7/10 - Le clown est mort ce soir (Fiche technique)

Suite et fin du triptyque autour de la cité des Hauts-Vents. Alors que les habitants célèbrent la victoire d'un des leurs, Djin tente en vain de convaincre sa mère de la culpabilité du curé...

Dans le premier tome, l'histoire se passait en 1989. Deux clowns avaient élu domicile à la cité des Hauts-Vents pour y apporter un peu de bonheur aux personnes vivant là. Mais l'un des deux était tué par une mère en plein accès de folie, croyant protéger son fils.

Le deuxième tome se situait au même endroit, mais dix ans plus tard. L'église avait été fermée et le monde extérieur semblait avoir oublié l'existence de la cité. Pourtant, un curé s'y installa, avec la ferme intention de rouvrir le lieu de culte et de redonner vie aux habitants. Hasard ou coïncidence, le second clown fut tué. Et la cité s'embrasa suite à cela.
Dans ce troisième tome, qui clôt le récit, le calme est enfin revenu. Un événement extraordinaire se produit : un des jeunes de la cité est devenu champion de l'Est de la France. Tout le monde est en liesse et semble avoir oublié, pour un temps, les épisodes tragiques survenus peu de temps auparavant. Djin, devenu clown muet, peut enfin "s'exprimer" avec sa mère sur les conditions du drame arrivé dix ans plus tôt.

Avant de réaliser Le Sourire du clown, Luc Brunschwig et Laurent Hirn avaient déjà travaillé ensemble sur Le Pouvoir des innocents (éd. Delcourt). On pouvait donc présager que cette nouvelle collaboration serait bonne. Ici, pas de discours manichéen ou moralisateur. Juste une histoire qui désire apporter un oeil nouveau sur le problème des cités, leur médiatisation et leurs acteurs :
"Ces cités de banlieue, impersonnelles et inadaptées, sont les lieux d'une immense détresse tant morale que financière, mais ce sont aussi et surtout, des quartiers qui possèdent une formidable énergie humaine.
Nous avons donc décidé de travailler sur un récit qui prendrait place au cœur même d'une de ces cités. Nous ne voulions pas écrire un album sur une supposée vérité des banlieues, mais une histoire où la banlieue est un acteur à part entière, une entité vivante et active. Elle n'en est pas le décor ou l'arrière-plan, elle en est un des personnages principaux.
" (Luc Brunschwig)


Sur fond de polar, avec un véritable suspense, les auteurs réussissent à nous sensibiliser à la situation des cités. Mais pas seulement. A travers des flashbacks, ils nous emmènent dans le passé des deux clowns, anciens ouvriers licenciés sur fond de crise sociale. A travers des réflexions autour du curé, ils nous offrent leur point de vue sur la place de l'Eglise au seine de la société. Et puis, surtout, ils nous parlent du rire. Rire qui devrait avoir une place prépondérante dans nos vies de tous les jours. 

La fin est surprenante. Peut-être un peu "too much" par rapport au reste du récit. Mais les pages sont belles et le travail de narration et de couleurs est très intéressant. Le passage du début entre les clowns et la mère mourante de Clock est superbe, voire même émouvant. Vous en dire trop serait vous gâcher le plaisir de la découverte. Laissez-vous tenter par une ultime représentation...