Sex Maniak
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 01/03/2020 (Tags : sex manga livres album jeunesse anglais eros
Dynamite poursuit sa réédition de « pépites » de l'âge d'or de la bande dessinée érotique, des œuvres vendues sous le manteau ou mal éditées, peu distribuées, qui sont cependant le socle d'une littérature de genre, leur offrant l'écrin qui leur faisait défaut. Après Giovanni Romanini auteur de Pornostar, c'est un autre italien qui est mis à l'honneur, Mario Janni. Adepte des larges aplats d'encre dans la veine de Magnus, il est surtout connu pour avoir porté le personnage de Maghella avec Dino Leonetti, une petite sorcière vivant des aventures humoristiques et érotiques dans un monde féerique, avant de se consacrer à une bande dessinée plus traditionnelle.
Il suffit d'une pièce pour tout gâcher
Quatre histoires sont présentées ici dans le format traditionnel des « fumetti » soit deux cases par page ou une illustration pleine page, offrant une lecture facilité et l'opportunité de mettre en avant le dessin, notamment pour des planches érotiques fortes et sans faux semblant. D'autant que le style de Mario Janni nécessite ces grands aplats qu'il n'hésite pas à remplir d'encre, donnant une dimension quasi photographique à son dessin qui se forme en creux, émergeant du noir pour apporter plus de relief. Et si on retrouve des hachures pour souligner un visage ou une courbe, conférant un style un peu daté, ce qui est marquant c'est surtout cette masse sombre qui happe le lecteur.
Cornuti
Les quatre historiettes ont toutes en commun un certain humour désabusé, flirtant avec le tragique tout en présentant un caractère érotique marqué dans la tradition liant Eros et Thanatos, surtout dans la première histoire. En effet, ce n'est rien moins que la mort qui attend le héros, prenant des risques inconsidérés pour gagner les faveurs de la dame et tel un chevalier des temps moderne, accomplir l'épreuve qu'elle lui a assigné. On est proche ici de la parodie tragi-comique d'un Lancelot vieux-beau qui doit réussir à terminer un puzzle représentant sa quête dans le temps imparti mais dont la pièce maîtresse sera dérobée par le chat. Un scénario loufoque et entraînant qui laisse une trace douce amer, tout comme les autres récits, plus vaudevillesques.
Ne pas confondre rêves et réalité
On y croisera deux femmes qui profitent du fait que leurs maris respectifs travaillent de nuit pour prendre leur plaisir avec d'autres. S'en suivra une traque inefficace des deux cocus, toujours roulés par leurs épouses.
Un capitaine d'armée fantasmant sa vie sur celle d'Alexandre Le grand et se perdant dans son imaginaire jusqu'à tenter de trousser la bonne et subissant les quolibets incessants de tous ses subordonnés.
Ou encore un cordonnier baissant souvent le rideau en pleine journée pour s'adonner à certaines plaisirs jusqu'à ce que sa femme s'en rende compte. Mais quand il y a du plaisir pour un…
Plusieurs histoires donc avec un vrai scénario original, une cohérence, et des qualités graphiques indéniables (même si moins de rondeur que dans le premier tome de la collection) qui permettent de mieux mettre en avant le travail de l'auteur. Toujours avec un certain détachement, et beaucoup d’espièglerie, il nous entraîne avec plaisir dans ces tranches de vie et des moments érotiques forts.