2/10Séquence X

/ Critique - écrit par Maixent, le 29/12/2013
Notre verdict : 2/10 - Succession sans joie

Tags : azpiri prix avis livres sram plateau sequence

Des aventures coquines qui ne font pas vraiment rêver

Le dessin criard d’Azpiri pourrait être un motif suffisant pour ne pas donner envie d’aller plus avant dans la lecture de l’album, ce n’est malheureusement pas le cas, ajouté à un scénario facile et dénué d’intérêt, aller jusqu’au bout relève d’un véritable sacerdoce.


Le charme animal du Loup-garou
La compilation d’histoires est un classique dans le monde de la bande dessinée érotique. Manunta y excelle et d’autres se servent de cette construction narrative pour aller droit au but, plongeant le lecteur dans leur univers dès la première case, et réussissant le pari audacieux de provoquer une émotion. Mais les écrivains le disent souvent, il est parfois plus aisé d’écrire un livre long qu’une nouvelle dans laquelle tout doit se passer très vite, et l’action étant concentrée sur quelques pages qui doivent suffire pour convaincre.

Azpiri n’y parvient pas. On retrouve bien l’univers abordé dans Carpe Diem en Enfer, soit une touche de l’auteur reconnaissable. Des démons cornus, des succubes et une mythologie empruntant aussi bien à la foi catholique qu’aux loups garous. Mais la magie n’opère pas. On est entrainé dans cette fantasmagorie bien malgré nous, attendant péniblement qu’une touche d’érotisme surpasse la grivoiserie ambiante, espérant vainement être surpris par la chute d’une des saynètes. Mais le ressort comique ne fonctionne pas. Les chutes sont prévisibles, empruntant aux grands classiques du genre sans les renouveler. Il
Quelque chose de Kurtzman
devient lassant de revoir le transexuel de service et l’homme déçu et apeuré  en découvrant  une protubérance à son entrejambe. De même que les parallèles faciles entre l’Enfer et le Paradis, le premier étant un lupanar géant et le deuxième un lieu d’une telle pureté que l’on ne fait que s’y ennuyer ferme.

Le dessin pourrait être intéressant, foisonnant de personnages bigarrés  et de femmes dominatrices au port parfait. On ressent clairement les influences de l’auteur notamment une planche très proche de LIttle Anny Fanny, avec un travail à l’ancienne, valorisant l’aquarelle. Mais là aussi un sentiment d’inachèvement envahi le lecteur. De loin on ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe et de près on est surpris par ces lignes qui ne sont pas finies ou un trait brouillon manquant cruellement de sérieux. Si les seins et les fesses des personnages sont souvent très arrondis, leurs pieds carrés ou leurs mains crochues manquent de charme, ce qui dénature la qualité érotique. Nous sommes d’ailleurs dans un érotisme très soft où les sexes sont proscrits, ce qui peut avoir son charme quand traité avec finesse, ou humour mais l’ouvrage manque de ces deux atouts.

Au final, Séquence X pourra mettre en émoi un adolescent n’ayant rien trouvé d’autre dans l’enfer de la bibliothèque de ses parents et les chevelures flamboyantes ont un certain attrait. Pour le reste d’autres auteurs ont pris la peine d’effectuer un travail plus poussé. Il est vrai que le style d’Azpiri est plus proche des années Métal Hurlant et qu’il a du mal a traversé les ans, étant tout de suite daté, ce qui ne plaît pas à tout le monde.