5/10Polly et les pirates - Tome 1 - L'héritage de Meg Malloy

/ Critique - écrit par iscarioth, le 06/06/2006
Notre verdict : 5/10 - Décevant (Fiche technique)

Tags : polly pirates ted naifeh tome courtney meg

Ce premier tome de Polly et les pirates est une déception, tant au niveau éditorial qu'au niveau scénaristique et graphique. Franchement insuffisant.

S'il existe une maison d'édition, en France, dont la production a une saveur particulière, c'est bien Les Humanoïdes Associés. Leurs bandes dessinées abordent beaucoup de sujets et s'adressent à tous les publics tout en collant presque toujours étroitement au monde du rêve, du fantastique. Dans la révolution des formats entamée il y a peu, les Humanos sont un peu à la traîne. Dargaud, Futuropolis, Soleil, Casterman, tous expérimentent de nouveaux formats, de nouvelles recettes, de nouvelles possibilités. Avec Polly et les pirates, les Humanos créent enfin leur laboratoire. Les premiers résultats sont en dessous de ce à quoi on s'attendait.

Une régression dans la forme


Polly et les pirates
est une série qui doit s'étendre sur au moins six albums, qui paraîtront tous d'ici un an. La pagination de chaque album est faible : un peu plus de vingt cinq pages. Voilà une formule qui nous rapproche de celle lancée il y a quelques mois par les éditions Futuropolis avec leur collection 32. Quelques différences de taille cependant. Futuropolis, diminuant la pagination traditionnelle et assouplissant ses couvertures, baisse aussi ses prix : environ 5 euros pour un album de la collection 32. Les Humanos, avec Polly et les pirates, amputent de moitié la pagination classique (on passe de 50 à 25 pages), conservent une couverture rigide et un prix élevé : environ 9 euros. Polly et les pirates semble vouloir coller à un rythme de parution plus élevé, dans l'esprit des projets amenés ces dernières années : les séries à dessinateur multiples (
Le Décalogue, Le Triangle secret, Quintett) et les feuilletons (L'étrangleur). Mais la forme des albums ne semble pas épouser cet esprit d'évolution. Pour résumer, Polly et les pirates dérange pour deux choses. Premièrement, le prix, mis en proportion avec la pagination, augmente. Deuxièmement, l'histoire se fait courte à un moment où la bande dessinée doit plus que jamais miser sur le contenu.

Passé du noir au rose bonbon

L'album est lu en une dizaine de minutes. Cette rapidité de parcours s'explique par plusieurs caractéristiques. Tout d'abord, les planches, au format A4, sont très allégées en vignettes. On compte cinq cases en moyenne par page. L'album n'est pas particulièrement bavard et donc, forcément, on arrive au bout des vingt-huit planches assez facilement. Cette rapidité de lecture n'est pas un problème en soi : un album peut être court sans pour autant être mauvais. Encore faut-il que l'histoire donne l'impression d'être consistante, ce qui n'est pas le cas ici. L'héritage de Meg Malloy met en scène Polly Ann, une fillette pas très sûre d'elle ni bien dans sa peau qui vit en pension. Sans autre forme d'explication, Polly se réveille un jour à bord d'un bateau pirate, sur lequel elle va rejoindre le passé de sa mère, morte très jeune. Quoi d'autre ? Pas grand-chose. Les personnages sont rapidement mis en place, dans des premières pages assez lourdement expositionnelles (défilé des petites filles, dialogues artificiels où l'on se nomme exagérément...). Dans les dialogues, jamais d'impolitesse et dans le dessin, jamais d'agressivité. Polly et les pirates semble avant tout destiné à la jeunesse. Ceux qui ont découvert Ted Naifeh pour son Courtney Crumrin publié chez Akiléos peuvent calmer leurs ardeurs. Les deux oeuvres n'ont strictement rien à voir. Alors que Courtney Crumrin mettait en place une histoire esthétiquement cauchemardesque, Polly et les pirates choisit la couleur rose bonbon.


Ce premier tome de Polly et les pirates est une déception, tant au niveau éditorial qu'au niveau scénaristique et graphique. Franchement insuffisant.