Une petite tentation

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Une petite tentation c’est l’histoire de deux copines, Anna et Calista. Deux caractères opposés et complémentaires, une amitié bancale de jeunes filles construite sur peu de choses, mais qui tient à peu près dans un équilibre fragile, cette sorte de relation qui marque une vie, même si l’on ne sait pas trop pourquoi. Le symbole est facile, la brune, Calista, est sage, elle fait des études, elle galère, elle fait ce qu’elle peut pour se maintenir à flot, enchaînant les boulots. Un peu coincée juste ce qu’il faut, pas vraiment intéressante, mais plutôt sympa avec de vraies valeurs, un petit côté fofolle malgré tout, mais toujours dans les clous. La blonde est fatale (comme 90% des blondes dans les bandes dessinées ou autres médias), incontrôlable, mais sous cette folie apparente se cache une grande détresse. Elle consomme mais en souffre, frivolité de façade, elle est en fait plus complexe que prévue.

Ce sont donc deux stéréotypes bien marqués ayant pour cible Jean, un
L'homme idéalquadra mal fagoté dans une vie qui ne lui correspond pas, ayant abandonné son essence depuis longtemps au profit d’une femme infidèle et manipulatrice, et de sa fille, tentant malgré tout de faire semblant d’être heureux, ce qui se manifeste par une réussite matérielle certaine. Le but étant pour ces demoiselles de mettre en pratique tout leur charme juvénile pour séduire cet homme, se servant également de la crise de la quarantaine de Jean, afin de s’approprier ses richesses, et de « gagner du temps » plutôt que de séduire des garçons  de leur âge qui ont encore tout à construire socialement et qui restent des paris risqués sur l’avenir.

Grâce à cette trame narrative simple, Jim, qui fait aussi bien dans la bd à thème grand public que dans l’intimiste, explorant avec plus ou moins de finesse les relations entre les êtres, noue des relations complexes. Ce
Vierge sage / Vierge folletrio, relayé par plusieurs personnages secondaires, cimentant la trame narrative est certes assez standard, mais emporté par un jeu qui les dépasse et dont tous ne sont pas conscients, réussit à sortir un peu des sentiers battus. On perçoit sans que cela soit trop grossier, les failles des personnages qui les rendent d’autant plus attachants. Si l’on part de caricatures, on arrive à des personnages plus creusés et complexes qu’il n’y paraît. Jim a su s’imprégner de caractères plausibles que l’on a tous pu côtoyer dans nos existences. Qui plus est, la trame narrative est dense et même si les situations sont parfois téléphonées comme la fin, décevante car attendue, le sujet est maîtrisé, ce qui en fait une lecture douce et sympathique.