7/10Mayday - Tome 2 - Dernier cargo

/ Critique - écrit par athanagor, le 22/10/2010
Notre verdict : 7/10 - Servi bien fret (Fiche technique)

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Suite et fin de l'enquête d'Azad Mikoyan, qui nous entraîne dans les coulisses de l'aviation civile avec, encore une fois, un certain bonheur.

Après le double traumatisme de l'accident de son avion et de l'explosion du ranch patagonien de son ancien commandant de bord, Azad Mikoyan tente tant bien que mal de se reconstruire une existence normale. Séparé de Carmen, la fille de Gustafsson, et continuant à exercer comme pilote de fret humanitaire en Afrique, il essaie de laisser toute cette partie de sa vie derrière lui. Mais le monde de l'économie des bouts de chandelles est vaste, et il sera à nouveau le témoin d'une catastrophe causée par la vétusté d'appareils bon marché.

Toujours avec un talent surprenant, Youssef Daoudi nous trimballe dans son enquête sans trop nous laisser le temps de nous retourner. Parvenant une fois encore à émerveiller avec des schémas techniques imbitables et des abréviations à rallonge qui ferait bailler un cocaïnomane dans n'importe quelle autre circonstance, il ménage terriblement bien l'espace de son second tome pour relancer et régler sa trame de départ. Très bon dans l'émotion, il attache indéfectiblement à son héros, par le biais d'une saine colère dont la mise en scène et l'expression renforce le réalisme. Et de réalisme il est aussi question dans le choc et l'horreur qui se dégagent des représentations d'accidents aériens, qui semblent faire s'échapper de la page des relents de kérosène.

Pourtant, malgré l'excellent moment passé à suivre le deuxième volet de cette enquête, on se retrouve confronté à des passages et des choix dont la pertinence est discutable, et c'est la conclusion qui
va susciter ces questionnements. La fin de ce second opus arbore un « fin » laconique, qui semble signifier que l'histoire n'ira pas plus loin, par exemple dans un tome 3. Et à bien y regarder, il est vrai que tout a finalement repris sa place et que la lumière a été faite sur l'ensemble. Pourtant, on a nourri, au fil de la lecture, le sentiment que tout ceci allait encore nous tenir en haleine un bon moment. C'est en essayant de comprendre l'origine de cette impression que l'on se souvient des passages qui l'ont initiés : le long discours de Lebedev sur la vie de Gustafsson et le coup de téléphone à Carmen sont ces passages qui, pris dans le fil de la narration, semblent propices à l'installation de futurs rebondissements, mais qui, à la faveur d'une conclusion trop rapide, ne ressemblent plus guère qu'à du remplissage un peu trop ampoulé pour être honnête. Ainsi, c'est l'impression générale qui s'en trouve touchée et le charme opère moins.

Reste un travail plein de promesses et qui parvient, malgré nos commentaires, à se conclure honorablement. Espérons que Daoudi a tenu à mettre fin à ce projet pour continuer sa carrière sur d'autres sujets tout aussi captivants. Peu importera d'ailleurs qu'ils le soient car, autant à l'aise dans le scénario, les dialogues et l'illustration, cet auteur parviendra sans aucun doute à rendre palpitant le remplacement des huisseries de la mairie de Saint-Lô par du double-vitrage.