5/10London Calling - 2ème partie - Coups Francs

/ Critique - écrit par Maixent, le 09/04/2008
Notre verdict : 5/10 - London's Burning (Fiche technique)

Tags : london calling album rock albums clash runberg

On avait suivi deux jeunes gens sympathiques dans leurs galères londoniennes, on se retrouve perdu entre l'IRA et le hooliganisme.

Ce deuxième opus, Coups Francs, conserve le rythme du précédent, des phrases courtes choisies avec soin et de nombreuses cases sans paroles. L’ensemble confère à l’ouvrage une certaine douceur, un décalage par rapport à la violence sourde de l’ensemble qui correspond bien au caractère des deux héros. En ce sens, London Calling participe de ce renouveau de la bande dessinée, plus intimiste, où le non-dit a une part importante, mis en relation avec un graphisme sobre et efficace.

Ici, l’aspect social est plus développé. Les deux jeunes marseillais ont finalement trouvé un "logement", entrant par effraction dans un appartement abandonné, ils le transforment eUK ANPE
UK ANPE
n squat. Faisant fi des cafards, de l’absence d’eau et d’électricité, ils ne perdent rien de leur optimisme jusqu’à ce que se pose la question épineuse de trouver un travail. Ils se rendent donc dans un jobcenter, espérant y dénicher un emploi à leur convenance mais ne trouvent que des boulots précaires et sous payés, l’un dans un bar, l’autre à la cantine de la police.
Cependant, ils commencent à prendre leurs marques dans ce pays étranger.

L’on délaisse un peu nos deux adolescents français qui finalement s’en sortent à peu près pour se concentrer sur l’aspect témoignage de l’œuvre. Plusieurs personnages dont on subodore l’importance prochaine sont maintenant plus présents dans le récit. Henri, proche des milices unionistes et dealer de drogue. Emma employée par Henri pour prostitution et deal. Travis, un bon père de famille hooligan à ses heures.
Hooligans au pub
Hooligans au pub
Tout ce petit monde évolue en parallèle au récit. On se doute bien qu’ils vont y entrer complètement mais l’ensemble reste encore flou, les auteurs ménageant un certain suspens.

Le problème est que cet aspect social, bien que très intéressant, semble posé sur le récit sans un véritable lien et sans justification. Comme si les auteurs s’étaient dit que ce serait bien d’y insérer un hooligan, que ça donnerait un petit truc en plus, une légitimité et une plus grande profondeur à l’histoire. Or, l’histoire se suffisait déjà à elle-même et le lecteur est seulement un peu largué, essayant de comprendre pourquoi des personnages débarquent comme ça sans prévenir.

Du coup, l’histoire s’essouffle très vite, et le charme du dessin aux couleurs pastel ne suffit pas à donner au récit la puissance du premier album. Le choc des images, l'absence de mots
Le choc des images, l'absence de mots

Dans le souci de vouloir faire un panorama global, le lecteur se perd un petit peu, parasité par des éléments qui l’empêchent de suivre les tribulations des deux jeunes. Les deux héros du premier tome deviennent peu à peu prétexte, ce qui donne un récit auquel il est plus difficile d’accrocher. A force de faire des scènes de présentation des personnages, on se retrouve avec une galerie de portraits disparate sans grand intérêt.

Un récit intéressant par bien des aspects, plus violent aussi que le précédent, mais qui n'est pas encore parfaitement maîtrisé. Mais il ne s’agit que du deuxième tome d’un ensemble plus conséquent, il faudra donc attendre la suite…