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6.5/10Les mots pour le dire

/ Critique - écrit par Maixent, le 03/12/2023
Notre verdict : 6.5/10 - Il avait les mots (Fiche technique)

Tags : mots pour marie dire cardinal livre psychanalyse

L'appel du désir

Après Sans un Mot, Elena Ominetti et Jerrert font équipe une seconde fois en gardant le même principe, soit des courtes et un jeu de couleurs, mais en y incorporant cette fois ci des dialogues. Il s’agit donc d’une compilation de quatre histoires entre fantasmes, jeux coquins et imaginaire fantastique, le plus souvent avec un petit twist final.


Voyeurisme

 

La première reprend le cliché pornographique du plombier. Une femme seule et aguicheuse en tenue sexy, un jeune travailleur musclé et entreprenant et un mari qui revient du bureau plus tôt que prévu. Mais entre voyeurisme et jeu de rôle, les apparences peuvent être trompeuses et la vie privée d’un couple se décline de mille façons. Les deux suivantes ne prennent pas place dans le quotidien mais plutôt dans un imaginaire de femme Absolue, magique, à la fois proche, charnelle et insaisissable. On découvre d’abord ce gardien de musée archéologique en admiration devant une Korê de pierre qui prendra vie devant tant de dévotion dans une variation érotique et mystique de La Nuit au Musée. Puis on entre dans un monde de sorcières. On le sait depuis Charmed, elles vont par trois et leurs pouvoirs sont immenses. Quand deux randonneurs brisent le cercle, inconscients de la nuit de volupté qui va s’offrir à eux, ils entrent dans une transe hypnotique où le pouvoir de la chair prend le dessus sur toute considération morale, brisant la mince membrane entre la légende et la réalité. Une réalité qui peut être magnifiée dans la quatrième histoire avec un retour au quotidien quand une lectrice laisse vagabonder ses fantasmes dans un train, le wagon devenant le lieu d’une orgie infinie.
SNCF

 

Quatre histoires qui n’ont pas vraiment de lien entre elles si ce n’est de mettre en avant la force de la fantaisie érotique. Et si elles ne brillent pas forcement par leur originalité scénaristique, elles se distinguent particulièrement – comme c’était le cas dans l’album précédent – par l’utilisation de la couleur. La composition de planches homogènes permet de mettre en avant la poésie des situations dans une sexualité onirique et désincarnée, jamais violente. Les tons pastels adoucissent le propos, conférant une cohérence d’ensemble à l’album. On remarque également que la sensualité y est véritablement mise en avant, portée par des figures féminines certes stéréotypées, mais surtout d’une puissance surnaturelle, rappelant la vision de L’éternel Féminin selon Goethe, soit une forme de transcendance divine. De la femme déesse callipyge à la sorcière en passant par la simple passagère du train, toutes ont un pouvoir d’évocation d’une force incroyable.


Statue

 

Sans être exceptionnel, Les Mots pour le Dire reste un album maîtrisé et cohérent, offrant une vision langoureuse de l’imaginaire érotique.