7/10Les Casseurs - Tomes 4 à 6

/ Critique - écrit par athanagor, le 04/07/2009
Notre verdict : 7/10 - Denayer, Al, Duchâteau, Pétrus (Fiche technique)

Tags : casseurs eur integrale duchateau denayer tome lombard

Deuxième tome de l'intégrale des aventures de ce couple de San Francisco, qui aime bien rencontrer des garagistes, histoire de parler défonce... de... voiture..?

Deuxième étape de la série des intégrales des Casseurs, cet opus s'avère un peu moins touffu que son prédécesseur au niveau du dossier accompagnateur. Bien qu'il soit intéressant, il passe assez vite sur la vie de Christian Denayer, le dessinateur, son enfance, sa passion des automobiles et les diverses étapes collaboratives qui l'amenèrent à rencontrer et adopter André-Paul Duchâteau. Leur complicité qui donna naissance à cette série, se traduit pCouv. Intégrale T.2
Couv. Intégrale T.2
ar une véritable envie de se faire plaisir, et elle jouit en ce sens d'un excellent état d'esprit, mi-rigolard, mi-sérieux, où l'enchaînement des situations et leur crédibilité sont largement subordonnés au capacités comiques du duo. Une fois de plus, c'est un réel plaisir, non seulement pour les fans, mais aussi pour les nostalgiques, de retrouver les aventures rocambolesques de ces deux policiers américains qui, à l'instar de Ric Hochet, ne changent jamais de vêtements.

Une fois encore, on voit le trait de Denayer devenir, par touches successives, de moins en moins laborieux. Toujours grand maître de la représentation automobile, il montre de sérieuses limites dans les visages. Limites qui s'estompent petit à petit, au fur et à mesure de son expérience. Cette limite est d'ailleurs fort bien comprise à la lecture du dossier, qui explique que ses premières armes de dessinateur, il les fit en tant que décorateur pour Graton, sur Michel Vaillant, avant de travailler pour Tibet.

Autre point intéressant, qui ne transparaissait pas dans le premier tome, c'est l'évolution du système narratif : si les premières aventures exposaient des affaires de grand banditisme, avec un grand sérieux dans le développement de l'histoire mettant en scène ces deux policiers un peu casse-cou, celles qui suivent font parfois l'économie de la logique et de la raison pour permettre au duo de se lâcher à fond dans les cabrioles, l'action et la comédie. Le sixième album, qui clôture ce deuxième tome des intégrales, n'est d'ailleurs qu'une suite de sketches exposant le talent de Al & Brock pour attraper du méchant en bousillant tout ce qui roule. Par ce biais, on sent que les casseurs sont devenus peu à peu des valeurs sûr du Journal de Tintin qui les abrita, les transformant imperceptiblement en une sorte de couple comique, très à l'aise dans un format de quelques pages.

Les trois albums ici présents sont :

Les casseurs contre les casseurs :

En effet, nos amis qui cassent de la bagnole et portent désormais très officiellement le nom de Casseurs (avec des admirateurs et tout) se retrouvent à pourchasser uneVoiture '30
Voiture '30
bande de vilains mafieux qui démolissent à coup de pelleteuse les commerces de ceux qui refusent de payer leur protection. Embarqués malgré eux dans la combine, et toujours pour sauver une demoiselle en détresse, ils devront se plier aux exigences de leurs ennemis et collaborer à leurs méfaits. On commence à appuyer dans ce tome sur la réputation des deux comparses, connus pour bousiller tout ce qui roule, jusqu'à mener une course poursuite, juchés sur des lits roulants, dans les couloirs d'un hôpital, moment comique et surprenant s'il en est.

La corrida infernale :

Retrouvant un des malfrats de l'épisode précédent, Al & Brock vont lui passer les bracelets quand celui-ci leur explique comment il a tant changé en si peu de temps. En Espagne, un chirurgien esthétique fait des miracles, surtout concernant les nez. Ni une, ni deux, Brock, qui en a un comme une poire bien mûre, embarque Al en Espagne et, deux coups de bistouri après, se retrouve avec le nez mutin d'un jeune adolescent pré-pubère. Mais grand mal lui en a pris. Le malfrat savait qu'en lui disant ceci, Brock se précipiterait en Espagne pour cette opération. C'est justement ce qu'il faut pour le faire passer pour quelqu'un d'autre. Quelle candeur (pour le moins inespérée) !

Hauts et bas de San Francisco :

Les casseurs commencent à avoir une bonne réputation, même s'ils coûtent cher en garagiste (surtout à l'époque). Ainsi, leur ancien patron, le chef de la police, leur Voir Frisco et mourir
Voir Frisco et mourir
propose de reprendre du service, sans solde toutefois, vu le montant de leur ardoise précédente. Réussissant plusieurs bonnes opérations de sauvetage de citoyen, illustrées par diverses saynètes, les Casseurs remontent sensiblement dans l'estime de la police de San Francisco, bien que leur potentiel destructif ne se cantonne plus désormais aux seules autos ; les vases et les lampes en prenant aussi pour leur grade. Mais c'est les casseurs, oui ou m... ! Au passage on apprendra le prénom de Brock, à peine moins ridicule qu'Alcibiade.

Bien que certains passages sonnent faux, désuets, trop bien ficelés ou pas assez, cette BD représente toute une époque et ne volait pas, à ce moment, son succès. Permettant à la fois le voyage, l'aventure et le bris de glace sans franchise, elle était parfaitement ancré dans l'univers du divertissement qui l'a vu naître, et qui comptait d'ailleurs dans ses rang Les rues de San Francisco, source directe de la série. Aujourd'hui on ne pourrait plus faire ce genre d'ouvrage, et c'est heureux. Mais ceux qui l'ont apprécié alors s'y retrouveront. Peut-être même de jeunes lecteurs y trouveront-ils leur compte. Apprécions du moins l'honnêteté des auteurs de ne pas avoir pondu des caisses entières d'albums et d'avoir cessé leur activité quand ils ne savaient plus quoi dire.