7/10Les Casseurs - Tomes 1 à 3

/ Critique - écrit par athanagor, le 10/03/2009
Notre verdict : 7/10 - Camarades de tôles (Fiche technique)

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De 1975 à 1994, Al & Brock, connus comme les Casseurs vont faire le bonheur des concessionnaires de toute la région de San Francisco. Voici leurs premiers méfaits.

Au départ des Casseurs, il y a une idée simple : fonc'dé d'la caisse, niquer d'la carrosserie, mâcher d'la bagnole. Mais comme on ne fait pas des albums seulemenCouv. Intégrale T.1
Couv. Intégrale T.1
t avec ça (c'est du moins ce que l'on croyait à l'époque) il faut rajouter des histoires dans le tableau. De plus, ne faire que casser de la tire,  c'est juste assez pour un tome, alors qu'avec des histoires, on peut faire plein de tomes et donc bousiller encore plus de chignoles, et si possible des belles.

C'est bien ce point départ et cette envie que confesse Christian Denayer, de casser quelque chose de beau (prenons une seconde pour réfléchir à l'aspect psychanalytique de la chose), qui est à l'origine des Casseurs, pour lequel il lui a fallu trouver un scénariste. Et il aurait pu tomber bien plus mal que le grand sachem d'alors, André-Paul Duchâteau. Leur collaboration durera jusqu'en 1994, année de la parution du 21e et dernier tome d'une des séries les plus populaires du Journal Tintin, rebaptisée Al & Brock à la fin des années 80, le mots casseurs ayant pris une connotation particulière. Très inspirée de la série Les rues de San Francisco, le personnage de Brock empruntant même le pif caractéristique de Karl Malden, l'action se déroule en Californie, permettant aux auteurs de faire de la BD d'action sans complexe et de bousiller des modèles de voiture un peu plus intéressants que des 4L ou des DS.

Ce premier tome des intégrales de leurs aventures comprend, en plus des trois premiers tomes, le désormais très apprécié dossier de huit pages qui apporte un éclaircissement sur la genèse et l'évolution de la série, expliquant, plus en détail, les points évoqués plus haut.

Autre avantage du format : le lecteur qui ne se souvient que de quelques bribes d'actions glanées ça et là dans le journal Tintin, il y a déjà longtemps, risquerait, au détour du rayon BD de son revendeur habituel, de feuilleter avec nostalgie des tomes épars, sans réaliser forcément la structure des aventures des ces deux fous du volant. La série des Casseurs, pour ce qui concerne ses trois premiers tomes, est conçue comme un feuilleton dont les livres se suivent dans le temps, les premiers alimentant l'intrigue des suivants.

Le premier tome, Haute tension, raconte comment le gang des "Phantom" sévit sur les routes des USA, détournant des cargaisons juteuses. C'est lors d'une tentative d'interception que Brockowsky, officier de la police de San Francisco, emplafonne la première voiture de la série. De cet accident, son collègue proche de la retraite, sortira trop amoché pTout un style
Tout un style
our reprendre le service. Al  Russel le remplacera. Menant leur enquête à grand renfort de carambolage, les deux collègues ne s'entendent guère, trop différents par l'âge et les méthodes. S'ils réussiront à venir bout du gang, ce sera au prix d'une fin assez surprenante.

Dans le deuxième épisode, Sabotage à Fort-Tempest, les deux compères, virés de la police de San Francisco pour avoir coûté trop cher en voiture, se retrouvent enrôlés comme responsables de la sécurité de l'armée de pacotille d'un richissime homme d'affaire, qui aime faire la guerre et ainsi motivé son staff. Quand, au milieu de la gentille mascarade, des munitions réelles sont découvertes, il s'agit d'enquêter pour savoir qui peut bien avoir des intérêts dans les accidents ainsi occasionnés. Et si au passage on peut éclater un ou deux véhicules...

Le troisième tome, Opération Mammouth, s'intéresse à des détournements de cargaisons très similaires à ceux observés dans le tome 1. Les Casseurs, alors employés par le sheriff de Peachtree, vont fourrer leurs nez dans cette histoire pour finalement démanteler un trafic bien huilé et rajouter quelques marques et modèles supplémentaires d'engins à leur tableau des scores.

Ayant assez fortement subi l'outrage du temps, cette série n'en reste pas moins agréable, ancrée dans le style si particulier de cette époque. Le ton est un peu plus libre et la légèreté de traitement, complètement assumée par les auteurs, s'avère toujours aussi amusante, quoique fortement improbable. Impossible aujourd'hui de produire une BD où un gros mec bedonnant passerait son temps à avoir des accidents de voiture à toute berzingue, sans porter de ceinture de sécurité, et sortant de l'habitacle pour se vanter d'en avoir bousillé une de plus, sans une égratignure. Impossible aussi de lui adjoindre un jeune camarade qui, bouffant autant de gravillons que le vieux, ne ferait jamais aucune tache au complet blanc qu'il porte l'essentiel de la journée.

Those were the days...