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8/10La sève

/ Critique - écrit par Maixent, le 28/03/2021
Notre verdict : 8/10 - Coule de source (Fiche technique)

Tags : seve eau bouleau arbre arbres plantes feuilles

Rêveries liquides

Il est une paraphilie qui n'est pas toujours mise en avant bien que présente dans tout acte sexuel et qui reste en trame de fond dans l'érotisme en général. L'hygrophilie est le terme scientifique définissant l'attrait pour les fluides corporels. Ici, tous ne seront pas explicités, seulement la cyprine, appelée plus poétiquement la sève. En effet, le terme cyprine ( du latin Cypris qui désigne Aphrodite) est plutôt récent et surtout utilisé dans la littérature pornographique un peu plus hardcore. Ici, on est dans une série de cinq histoires oniriques et légères et on utilisera donc cette longue métaphore filée pour parler de sécrétions vaginales.


Femme fontaine

 

On avait découvert Chéri dans Symposium aux éditions Dynamite et même si il est passé maintenant chez un éditeur plus généraliste, on conserve cet érotisme de chaque instant. Un style oscillant entre douceur et bienveillance, laissant la part belle aux fantasmes et à la rêverie. Si Symposium était ancré dans le réel (malgré quelques modifications tout de même), La sève plonge franchement dans l'imaginaire.
Hôtesse de l'air

 

Dans la première histoire on trouvera une femme fontaine dont le robinet est cassé, des flots de cyprine s'écoulant de son corps envahi de plaisir jusqu'à déborder de la baignoire. Une piscine de stupre d'un liquide sirupeux qui feront basculer deux amies dans un autre monde ; cette sensation de flottement appellée subspace et que l'on réserve habituellement aux relations BDSM. S'en suivront deux histoires sur des lieux de fantasmes classiques. D'abord la boulangerie avec les grosses miches de la boulangère et un ingrédient secret pour humidifier la pâte puis l'avion et des hôtesses de l'air peu farouches à même de satisfaire le moindre desir de leurs passagers pour qu'ils aient bon vol. Enfin, on découvrira deux histoires sans paroles toujours dans la veine poétique et une galerie d'illustrations.


La recette de la pâte à pain

 

Si les histoires ne sont pas très loin de l'imagerie pornographique traditionnelle, Chéri arrive à leur insuffler beaucoup de douceur dans un érotisme troublant. Cela est d'autant plus rendu par le graphisme léger, des couleurs sépias allant du rosé au bleu profond rendant le tout extrêmement délicat. Chéri prend son temps, s’appesantit sur les courbes, fait monter le désir à la manière d'une sexualité tantrique comme une note lancinante qui n'en fini pas. Tout n'est que caresses et plaisir dans l'album dans lequel on se laisse glisser à l'instar d'un bain chaud et parfumé. Cependant, il n'y a pas ce côté kitsh qui pourrait prendre le dessus. C'est romantique mais pas gnangnan ce qui n'était pas gagné de prime abord et les longues métaphores filées s'accomodent parfaitement. D'autant que le dessin est plus maîtrisé tout en conservant un style reconnaissable.

Un album assez élégant pour une thématique souvent considérée comme « sale » qui place les femmes au centre du désir allant du symbolisme à l’allégorie. Et surtout beaucoup de tendresse et un érotisme diffus des plus agréable.