7/10Jason Brice - Tome 1 - Ce qui est écrit

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/08/2008
Notre verdict : 7/10 - Jason va en enfer, et il connaît un raccourci (Fiche technique)

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Enquête paranormale dans l'Angleterre de l'entre-deux-guerres : Alcante fignole un scénario bien troussé auquel on reprochera surtout le manque de charisme du héros.

Alcante, scénariste de l'ambitieuse série Pandora Box, se tourne vers le thriller paranormal rétro avec le concours de Milan Jovanovic, dessinateur du Serpent sous la glace dans la série Secrets de Frank Giroud. Si le personnage qui en résulte n'a pas la stature d'une icône, le récit lui-même remporte l'adhésion.

Londres, début des années 20. Le grand blond Jason Brice, c'est un peu Mulder et Scully réunis : détective privé de profession, il s'est fait une spécialité de mener des enquêtes dans le domaine du paranormal, auquel il pourrait croire s'il n'avait pas été confronté à tant de supercheries dans sa carrière. Malgré son scepticisme et sa perspicacité, il va cependant avoir fort à faire pour démêler le mystère auquel est
confrontée Theresa Prendergast...

Jason Brice, comme son voisin de rayon Dustin Goldfinger en couverture de Double Gauche tome 3, est calé sur un fauteuil et fixe le lecteur droit dans les yeux. Entouré d'un bric-à-brac mystique où se côtoient les instruments de cultes ou de croyances de plusieurs époques et différents lieux, il tient à portée de main les quelques outils qui le rattachent à sa réalité : un couteau, un flingue, une bouteille d'alcool et un peu d'opium, ainsi qu'un livre intitulé The Titan by Morgan Fatoy. Mine de rien, cette couverture contient la plupart des éléments de l'album, et même un peu plus (indices pour les tomes à venir ?). L'ambiance ne correspond à aucune des scènes à venir, car Jason ne sera jamais montré seul au milieu de ses cogitations, mais elle saura attirer le public visé en affichant sa particularité : être un mélange de thriller et d'occultisme dans un cadre vieillot.

L'époque de l'entre-deux-guerres, il faut bien l'avouer, est rarement représentée dans la fiction, que ce soit au cinéma ou dans la bande dessinée. Peu connue du public, elle se prête à merveille au développement d'une trame mystérieuse, comme
si le surnaturel poussait dans les zones d'ombre de l'Histoire... Mais s'agit-il bien de surnaturel ? On se laisse prendre au jeu de l'intrigue, classique dans sa forme mais bien menée par un Alcante motivé (il aurait paraît-il puisé son inspiration dans un fait réel). S'il est plus difficile de rentrer dans le dessin un peu figé de Jovanovic, on lui reconnaîtra tout de même un découpage clair aux cadrages parfois très expressifs. La mise en couleurs de Sébastien Gérard privilégie les tons rouges vers le début de l'album, pour évoluer ensuite vers une palette plus classique, ce qui donne la curieuse impression d'une fin un peu moins intense que le début, graphiquement parlant. Heureusement, le scénario donne le change : la porte est ouverte vers une suite, mais l'album se tient également sur ses pieds en tant qu'unitaire, évitant le piège du premier opus purement introductif. On en vient même à se demander s'il ne manque pas un cliffhanger un peu plus percutant pour rendre l'attente du deuxième tome plus pressante...