4/10L'Inconnu

/ Critique - écrit par iscarioth, le 26/03/2007
Notre verdict : 4/10 - Sévèrement burné, l'nanar (Fiche technique)

Beaucoup d'esbroufe, beaucoup de gueule, beaucoup de vulgarité, de pétaradant et de clinquant, mais finalement trop peu d'intelligence.

Casterman réédite un classique. Un classique de la BD italienne, en l'occurrence. L'inconnu, "Unknow", est un personnage créé par Magnus, l'un des grands auteurs de la botte italienne des années 1970. Comme l'explique Davide Toffolo dans sa préface (excessivement ?) élogieuse, Magnus est un avant-gardiste, en ce sens où il a distillé dans sa BD de genre, de véritables velléités de violence et d'engagement. Comme quoi, on peut être en avance sur son époque sans pour autant faire preuve de génie.

53230.L'inconnu, c'est un curieux mélange de deux impressions. On a tout d'abord l'effet d'une bande dessinée de genres. Genre au pluriel car on en brasse plusieurs : policier, aventure, action, pornographie (très légèrement)... L'inconnu est un héros comme on en a pondu des tonnes, à la Tony Corso ou Wayne Shelton pour ne rester que dans les cadres du neuvième art : un grand modèle de charisme et de virilité, un surhomme sans peur que tous se doivent de vénérer. Beurk. D'un autre côté, on peut voir L'inconnu comme une série plus "brut de décoffrage", un peu à l'image de Torpedo, avec un personnage principal plus salaud que la moyenne. Plus de noirceur, aussi, avec ces planches d'un noir et blanc épais, ces effets de surenchère dans le sanguinolent (têtes et torses troués à bout portant, explosion des tripes au fusil à pompe...).

53231.Oui, Unknow est un salaud. Si, un jour, l'on organise le concours du héros de bande dessinée le plus macho, notre bourlingueur a toutes les chances de l'emporter. « Les femelles », soupire-t-il lassement page 30, alors qu'une jeune femme s'épuise à le charmer, entièrement nue. Le personnage n'est d'ailleurs pas si "principal" que ça. L'une des qualités de L'inconnu est que le personnage de référence s'efface souvent et parfois longuement de l'histoire contée. Le jeu est complexe et fait véritablement l'effet d'une machine aux multiples rouages. Pour ce qui est des graphismes, l'encrage très épais, les trames en pointillé et les expressions faciales parfois surappuyées peuvent faire penser à Gen d'Hiroshima. Le style de Magnus vire parfois même carrément au cartoon, notamment lorsque le dessinateur représente des animaux (voir la page 36). La narration est fluide, malgré quelques maladresses (mauvais agencement des bulles sur certaines planches, voir la page 41).


L'inconnu, c'est un peu le pendant de papier du parfait macho. Beaucoup d'esbroufe, beaucoup de gueule, beaucoup de vulgarité, de pétaradant et de clinquant, mais finalement trop peu d'intelligence. On retiendra notamment un passage sur la guerre d'Algérie à vomir.