4/10Wayne Shelton - Tomes 1 à 6

/ Critique - écrit par iscarioth, le 01/03/2007
Notre verdict : 4/10 - Je mets mon pied où je veux... Et c'est souvent dans la gueule ! (Fiche technique)

Tags : shelton wayne tome van hamme denayer christian

Le lecteur a eu son quota de punch lines, de péripéties, de salauds très salauds et de sacrifices héroïques. Vous en avez eu pour votre argent, maintenant circulez, y'a plus rien à voir.

Wayne Shelton... Comment vous expliquer ça rapidement... Wayne Shelton, c'est un peu un croisement entre Chuck Norris et Blake & Mortimer. Non pas que la série soit à cheval entre le genre policier et celui de l'action. Point du tout, Wayne Shelton balance définitivement du côté de l'explosif. La comparaison est plutôt à faire en référence au héros du titre. Wayne, c'est le plus british des américains. La classe de la cinquantaine encore fringante, les tempes blanchies mais la moustache d'une noirceur encore éclatante. Le raffinement et l'élégance du plus bel étalon de l'aristocratie anglaise, et le regard d'une virilité toute méditerranéenne. Une tronche à jouer dans Dallas, je vous dis.

« C'est pas un type, petit, c'est une légende ! »

Reprenant sans complexe les codes et mécanismes les plus éculés du 52560_250.blockbuster d'action, maîtres Cailleteau (Aquablue) et Van Hamme (Thorgal, XIII, Largo Winch...), éminences respectées de la bande dessinée franco-belge, lancent dans les années 2000, les aventures de Wayne Shelton, héros pour le moins archétypal. Si vous détestez XIII pour sa proportion à rallonger constamment la sauce, si vous ne supportez pas Largo Winch pour ses personnages typés et superflus, alors vous allez à nouveau hurler de rage à la lecture de Wayne Shelton. Attention, toi qui lis ces lignes, ne commence pas à rire : Wayne Shelton, ce n'est pas n'importe qui. Héros de guerre, spécialiste de la contrebande au moyen orient, homme recherché pour ses compétences en matière d'infiltration et d'action... Wayne Shelton, c'est le meilleur, tout simplement. Pour peu que vous ayez déjà vu quelques albums de BD ou films du genre d'action, vous connaissez la rengaine. Jean Van Hamme lance la série seul en 2001 et 2002, avec une histoire articulée en un diptyque. Une banale histoire d'homme à faire évader, avec en sous-main un marché économique. Shelton rassemble autour de lui sa petite bande de durs à cuire, pour mener à bien sa mission. Et Van Hamme crée un action man un peu moins chevaleresque que ses précédentes créations du genre. Wayne Shelton est vraiment le symbole de l'homme d'action, tel qu'il a été popularisé par le cinéma américain dans les années quatre-vingt : un homme respectueux de ses amis, qui a le sens de l'honneur, mais brut de décoffrage avec ceux dont il se méfie et qui n'hésite pas à tuer pour tracer sa route.

« Savez vous jouer au zang ? »52561_250.

Peut-être un peu plus méchant que la moyenne... Légèrement... Voilà la seule distinction que l'on peut faire, pour départager Wayne Shelton de ses centaines d'autres acolytes baroudeurs, qu'ils s'expriment sur papier glacé ou sur grand écran. Avec le troisième tome, Le contrat, en 2003, Cailleteau rentre dans la danse pour épauler au scénario Van Hamme. Les personnages, dialogues et situations nous offrent à voir de véritables petits épisodes de ridicule. Du cliché, du comique involontaire, du nanar, comme dirait l'autre. Shelton éviscérant un commando d'un coup d'épée prise aux mains d'une armure du Moyen âge, c'est un peu comme un méchant russe éclatant les testicules de ses ennemis à coup de pistolet dans un bon vieux film de Chuck. Ah, et j'allais oublier tant c'est évident, Wayne Shelton est un tombeur. Ses conquêtes sont des femmes d'action, des James Bond girls malignes, très malignes, mais, forcément, pas autant que le maître. Avant la lecture de chaque album de Wayne Shelton, il vous faudra prendre une grande bouffée d'oxygène, et tenir bon 48 pages durant, au risque de mourir sous le poids écrasant des clichés qui s'accumulent. La mort tragique d'un fils adoptif qui aurait tant aimé que son gros dur de papounet lui dise « mon fils », des otages à libérer qui s'avèrent être de vrais pourris, et le fameux personnage féminin récurent : Honesty Goodness, une libertine nunuche et capricieuse. Van Hamme se retire de la série, laissant Cailleteau seul aux commandes, dès le tome quatre. Les scénarios, qui n'étaient déjà pas bien épais ni originaux, perdent encore en consistance. La plupart du temps, les quelques éléments scénaristiques n'ont d'utilité que de lancer le plus vite possible une aventure sur les rails, et de la boucler vite fait bien fait en 48 pages. Ah, et j'allais oublier de vous parler des dessins de Christian Denayer : amateurs de XIII et de Largo Winch, vous voilà en terrain connu, Wayne Shelton baigne dans un classicisme tout ce qu'il y a de plus conforme.


Le lecteur a eu son quota de punch lines, de péripéties, de salauds très salauds et de sacrifices héroïques. Vous en avez eu pour votre argent, maintenant circulez, y a plus rien à voir.


Liste des albums (mise à jour au 3 février 2009) :

Tome 1 - La mission (2001)
Tome 2 - La trahison (2002)
Tome 3 - Le contrat (2003)
Tome 4 - Le survivant (2004)
Tome 5 - La vengeance (2006)
Tome 6 - L'otage (2007)
Tome 7 - La lance de Longinus (2008)
Tome 8 - La nuit des aigles (2009)