7.5/10H.O.P.E. - Tome 1 - Deyann

/ Critique - écrit par athanagor, le 09/11/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Les enfants de grouille-morbac (Fiche technique)

Tags : tome janolle glenat alain science avis fiction

Ouverture d'une saga SF à la frontière entre Starship Troopers et Jeremiah, qui parvient à dépasser ses références pour se placer comme objet propre.

Des années après l'invasion de la Terre par des hordes furieuses de Drachs, insectes géants extra-terrestres, il ne reste plus que des ruines de notre civilisation. Ça et là, quelques groupes survivent encore, mais il s'agit essentiellement d'enfants nés et éduqués dans des ruches, sous le contrôle de super-ordinateurs. Ces ruches furent le dernier soubresaut de l'espèce humaine qui, entrevoyant sa défaite inéluctable face à l'invasion, décida de « stocker » des enfants à naître et d'en faire le renouveau de l'humanité. Alors pourquoi, après que les envahisseurs aient quitté la planète, n'y trouvant plus rien à dévaster, ces groupes n'ont pas mis en chantier la reconstruction de l'espèce ? La raison en est simple : les insectes ont laissé derrière eux d'affreuses bestioles, les Sentinelles, qui traquent sans merci les derniers survivants.

Ce premier tome installe l'ambiance et l'environnement particuliers auxquels la série va s'attacher. Le monde dans lequel nous nous trouvons est une sorte de
savant mélange entre la terre désolée de
L'armée des douze singes et la société juvénile de Jeremiah. Ces deux références étant construites sur des histoires dont le postulat est l'avènement d'un virus létal pour certains êtres vivants, on ne fait pas tout de suite le rapprochement avec cet ouvrage où la thématique phare est un danger extérieur. Ce qui apparaît en premier, et est clairement revendiqué, c'est une référence à Starship Troopers, auquel les grappes d'insectes énervés et la forme des Sentinelles renvoient. On commence donc la lecture sur cette impression. Puis l'histoire se développe vers un dénouement malheureux, dont la mise en place nous est suffisamment bien dissimulée pour qu'on en ait la triste surprise. A ce moment, on dépasse la simple menace extérieure et on ajoute le thème du danger intérieur, écho des références au postulat viral, où l'espèce humaine est décimée par les agissements de ses propres membres. Ce nouveau paramètre intégré, on peut apprécier le travail sur le mélange des sources qui finit, quand elles sont bien choisies et agencées, par donner un produit nouveau.

Mais par delà ce regard détaillé sur la construction de l'œuvre, reste un moment de lecture très engageant. Bien embarqué dans la narration, on se laisse aisément prendre par les divers
évènements, jusqu'à faire fi des éléments étranges et non développés sur lesquels reposent pourtant une grande partie de l'intrigue. On ne se pose pas vraiment de question, on assiste simplement, complices de notre propre aveuglement, et volontaires pour passer un bon moment. Tout, dans le rythme et l'abord des situations, dans le développement et la motivation des personnages, nous y invite. On accepte alors de laisser derrière soi l'œil trop critique qui ne saurait voir que les emprunts à d'autres œuvres. Au final ces derniers n'apparaissent plus que comme des éléments de construction nécessaires à l'élaboration, et non comme des outils permettant de maquiller un manque d'inspiration ; il s'agit d'éléments de grammaire qui permettront, à terme, à l'histoire de fabriquer sa propre identité.

Dessin propre, histoire propre (quoique dans une ambiance générale un peu sale) cet album offre une très bonne ouverture, et en laisse à espérer, aussi par sa conclusion, qui semble vouloir orienter la série dans un autre registre. Ce tome d'ouverture a pour théâtre les ruines de New-York (heureusement que ce genre de saloperie n'arrive qu'aux ricains), mais les protagonistes finissent par s'engager dans un long périple, laissant entrevoir un tome 2 plus mobile. Souhaitons que les auteurs ne perdent pas leur talent en route.