7/10Ernest & Rebecca - Tome 1 - Mon copain est un microbe

/ Critique - écrit par athanagor, le 03/07/2008
Notre verdict : 7/10 - Besoin d'un plus petit que soi ? (Fiche technique)

L'auteur du décevant HOT DOG revient, dans le cadre d'une nouvelle collaboration, avec un ouvrage à sketches, bien plus inspiré et bien plus rigolo, sur l'imaginaire d'une petite fille confrontée au divorce de ses parents.

Rebecca est une petite fille de 6 ans et demi à la constitution fragile dont les parents sont en train de se séparer. Sa sœur de 14 ans étant très prise par son « âge rebelle » et ses propres problèmes face à cette situation, Rebecca se tourne vers son imagination. C'est ainsi qu'un jour de chasse à la grenouille, en T-shirt sous la pluie, elle attrape ce qu'elle croît être un batracien et s'avère être un microbe, Ernest qui va devenir son meilleur ami. Jaloux l'un pour l'autre, Rebecca n'aime pas voir Ernest lorgner sur sa grande sœur, et lui n'aime pas que d'autres microbes ou virus tentent d'infecter Rebecca. L'ennemi commun est bien évidemment le médecin de famille, Dr. Fakbert, qui s'évertue à coller des spatules en bois dans la bouche de Rebecca, ce qui lui donne envie de vomir, comme si le fait de tenter de faire disparaître Ernest ne le rendait pas assez antipathique. Mais rien à faire, Ernest et Rebecca ne seront pas séparés. D'ailleurs pour mieux lutter ensemble, Rebecca apprend à devenir un microbe en passant des heures en maillot de bain dans la neige. C'est vrai quoi, ça suffit les séparations !

Nous voilà face à une charmante BD, bâtie sur le même pMaladie d'amour
Maladie d'amour
rincipe que
Calvin & Hobbes, à la seule différence que le petit garçon au T-shirt rayé n'a pas besoin d'avoir des problèmes pour faire suer ses parents. On assiste ici au passage en revue des situations embarrassantes que peut comporter un divorce pour des enfants, entre les questions à la con des adultes, du genre « qui tu préfères de ton papa ou de ta maman ? », et le passage chez le pédopsychiatre pour vérifier qu'ils n'ont pas de problèmes. Comme si c'était les enfants qui avaient un problème, alors que c'est leurs parents qui se séparent. Le copain imaginaire que Rebecca s'est trouvée la protège donc de l'épreuve d'avoir à faire face trop brutalement à cette épreuve, et il la protège également des autres microbes qui voudraient lui nuire, y compris le plus dangereux d'entre eux, Sam, qui a l'air de vouloir infecter sa maman.

Bien que l'essentiel de la BD tourne autour des situations de divorce, le fait que la petite fille soit malade autorise aux auteurs quelques pages d'humour un peu plus libre et gratuit, avec parfois un délire bien sympa, bien évidemment du fait de la fièvre que provoque Ernest. Les petits sketches concoctés par Guillaume Bianco sont dans leur immense majorité, bien plus inspirés que ceux à quoi il nous avait habitué dans HOT DOG. ToutefoDon Ernest
Don Ernest
is, on a parfois un peu de mal à rester collé avec une conviction sans borne aux histoires de cette petite fille, qui semble capable d'un recul étonnant par rapport à tout ce qui lui arrive et qui, à 6 ans et demi, fait encore moins de fautes d'orthographe que la plupart des bacheliers de l'année. On regrettera aussi l'absence d'un avatar ou d'un jouet censé représenter Ernest pour le commun des mortels. Pour le coup, quand Calvin pique-nique avec son tigre en peluche, il est normal que celui-ci ait une assiette. Mais quand Rebecca est allongée sur une serviette sous la pluie, il est étrange qu'il y ait une deuxième serviette dépliée à côté d'elle, et encore plus étrange que personne ne pense à lui demander ce qu'elle fait avec deux serviettes.

Ce petit haussement de sourcils mis à part, on est dans l'ensemble enchanté de l'esprit de l'ouvrage, de cette petite fille espiègle à l'imagination fertile, que le dessin d'Antonello Danella accompagne merveilleusement.