Elysée République : tome 3
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 14/06/2011 (Tags : eur tome republique elysee casterman presidentiel gall
De la politique-fiction musclée, pas très subtile et parfois franchement maladroite, mais finalement assez divertissante. Suite et fin l’an prochain.
Les lettres "ER" ne désignent pas seulement le titre original de la série Urgences (Emergency Room), mais aussi celui de cette BD politique lancée par Casterman en 2007 dans sa collection Ligne Rouge. On était sans nouvelles depuis plus de trois ans, au point qu’on pouvait croire le titre annulé… mais non, le nouveau tome vient de sortir, et le bras-de-fer Kérel-Montfaure est destiné à connaître une résolution prochaine.
Accusé de meurtre par le candidat indépendant Constant Kérel, le Président de la République a désormais bien du mal à garder l’opinion de son côté. Mais la loi prévoit qu’aucune instruction ne peut être menée à l’encontre d’un Président en exercice ; dans ces conditions, peut-il être destitué ? Et quid des relations avec le président américain démocrate Algoma (un Comanche, notez le parallèle avec la réalité, notez !) ? Lui-même est la cible d’un complot ourdi par de gros vilains (les Républicains).
Si les thèmes abordés ont de quoi faire réagir (la question de l’intouchabilité du Président, qui fait directement écho au cas Chirac), le traitement ne s’embarrasse pas de subtilité et opte pour le manichéisme : d’un côté le jeune héros dynamique, sexy (voir la cicatrice à l’œil, particulièrement virile) et intègre, de l’autre le papy conservateur, manipulateur et meurtrier (si ça se trouve il ne trie même pas ses déchets, le salopard). Ce dernier ressemble à un mix de Chirac et de Sarkozy, tandis que Kérel évoque davantage Largo Winch ou Bruce Wayne. Le décalage est un peu surprenant, de même que l’irruption dans un récit pseudo-sérieux de gimmicks limite burlesques (l’un est emprunté à Tintin, l’autre a été vu récemment dans Machete !). La volonté de ratisser large, en brassant quelques sujets populaires comme les Talibans et l’écologie, atteint carrément le racolage express lors d’une case où surgissent deux femmes nues, avant de disparaître complètement de l’album.
Mais l’aspect feuilletonesque, qui peut mener à de multiples allers-retours temporels pas toujours très clairs, est malgré tout ce qui fait le charme de la série, et permet d’atteindre une dernière page "à sensation" (sans doute un peu trop, on finit par se croire dans 24), chargée de harponner le lecteur jusqu’au quatrième et dernier tome, Pouvoir présidentiel, annoncé pour mai 2012.