6.5/10Le Diable des sept mers - 1ère partie

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/09/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Pirate à touille (Fiche technique)

Surfant sur le retour en grâce des pirates via le Jack Sparrow de Johnny Depp, Yves H. et Hermann livrent du mythe une version un peu molle mais pas dénuée de cachet. Cette première partie a des airs de très longue introduction.

Les histoires de pirates, qui avaient la cote dans les romans populaires du XVIIIème et du XIXème siècle, ont vite envahi les écrans de cinéma, où Douglas Fairbanks a lancé l'imagerie du brigand torsepoil au grand cœur qui hurle à ses moussaillons de souquer les phoques et de hisser les arquebuses (enfin un truc du genre). Après l'époque du muet, les successeurs s'appellent Tyrone Power ou Burt Lancaster, et perpétuent la tradition jusqu'à ce que le public se lasse du genre, vers le début des années 60. C'est donc à la surprise des spécialistes que la trilogie Pirates des Caraïbes remporte le succès que l'on sait entre 2003 et 2007... La recette de ce renouveau ? Un trio de vedettes sexy, une louchée d'humour auto-parodique et une rasade de fantastique soutenu par de solides effets spéciaux ; peut-être même que l'attraction de Disneyland sur laquelle est basée l'histoire a aidé à attirer les foules, qui sait. Toujours est-il qu'un tel succès incite le scénariste Yves H. et le dessinateur Hermann à se pencher sur la piraterie après leur incursion récente chez Dracula. Pourtant, l'origine du projet est à chercher au début des années 80, quand le genre dort du sommeil du juste et que le réalisateur Roman Polanski tente Et encore, vous pourriez n'avoir que de la tarte au concombre.
Et encore, vous pourriez n'avoir que de la tarte au concombre
de le réveiller avec un film simplement intitulé Pirates. Il demande alors à Hermann de réaliser un storyboard, que celui-ci commence à exécuter avec diligence tandis que le projet sombre progressivement dans ce que les Américains appellent le development hell. Le film finit par sortir péniblement en 1986 et prend le bouillon, mais Hermann a quitté le navire depuis longtemps. C'est sur la base de ses croquis de 1980 (visibles dans l'édition spéciale de l'album, ainsi que plusieurs très beaux dessins originaux) que Yves H. décide de lancer son compère sur Le diable des sept mers.

Du propre aveu du scénariste, les sources d'inspiration ont été multiples : la légende de Barbe Noire, celle de William Kidd, celle d'Anne Bonny... et on ne pourra s'empêcher de trouver flagrantes certaines ressemblances avec les Pirates des Caraïbes, bien que ceux-ci soient déjà des condensés de situations emblématiques du genre. Un capitaine pirate abandonné sur une île après une mutinerie de son équipage ? Un maléfique bad guy barbu, un couple d'amoureux ? Un trésor, des morts-vivants ? Tout y est, sans la carapace hollywoodienne ni les
stars glamours surmaquillées. En lieu et place, le dessin de Hermann se révèle doux et reposant, avec ses visages ronds et ses tons pastels qui rappellent ses meilleures œuvres comme On a tué Wild Bill. On tique cependant sur certaines images, comme ces yeux un peu loupés de Robert Murdoch en page 21.

L'ambiance est vieillotte, on se sent au chaud comme devant un vieux film d'aventures des années 50. Lent, convenu, mais élégant et esthétique. Soucieux de charger son intrigue en personnages, Yves H. en oublie un peu de se concentrer sur l'urgence du récit, et se contente de faire de cette première partie une très longue introduction, dans laquelle le sujet des vampires est à peine suggéré et certaines intrigues sont tout juste effleurées. Difficile, donc, de conseiller cet album sans en avoir vu le deuxième volet...