9/10On a tué Wild Bill

/ Critique - écrit par iscarioth, le 20/08/2006
Notre verdict : 9/10 - Survival western (Fiche technique)

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On a tué Wild Bill impressionne par son scénario intense et une réalisation graphique d'Hermann richissime.

On a tué Wild Bill commence un peu comme Il était une fois dans l'ouest, le western mythique de Sergio Leone. Quatre malfrats massacrent une famille de chercheurs d'or. Caché, Melvin Hubbard est témoin de la scène. Ce sera lui le personnage principal, et pas, comme on pourrait le croire au titre, James Butler "Wild Bill" Hickock, le mythique tueur de l'ouest.

41750_250.La vie de Melvin défile sous les yeux du lecteur sans que celui-ci ne sache pas trop où le courant le mène. On a tué Wild Bill est parmi ces albums qui ne donnent pas l'impression d'aller quelque part, jusqu'à la toute dernière planche et case, où là, tout s'éclaire subitement. C'est seulement à la cinquante-sixième page que nous prenons conscience d'un scénario cohérent, remarquablement introduit et conclu. Le corps de l'histoire est composé d'une longue errance. Melvin se traîne de villes en montagnes sauvages, de petits jobs et compagnons d'infortune à d'autres. On a tué Wild Bill, comme d'autres westerns qui sonnent la fin d'un genre fait de duels au soleil et d'attaques de diligence, est une histoire de survie. L'histoire d'un homme de passage, poursuivant des rêves de tranquillité mais traumatisé par un passé sanglant. On a tué Wild Bill est un album très visuel, qui ne se vautre pas dans l'autojustification. On apprend à connaître Melvin par l'observation, et libre à chacun de percevoir l'individu comme il l'entend.

Hermann dessinateur s'est révélé avec ses deux séries phares Jeremiah et les Tours du Bois-Maury, auteur à part entière. La deuxième moitié des années quatre-vingt-dix annonce une deuxième éclosion, celle d'Hermann coloriste. Avec Sarajevo Tango en 1995, Hermann s'affranchit de la coloration traditionnelle et se fait maître de la technique des couleurs directes. On a tué Wild Bill, qui se déroule dans l'ouest sauvage, impressionne donc forcément par ses aquarelles des paysages américains du nord. Montagnes enneigées, villes enfumées, forêts printanières... Les saisons et les tonalités défilent. On contemple les albums d'Hermann autant qu'on les lit. On a tué Wild Bill ne fait pas exception à cette habitude. Très marquant aussi, le rapport à la violence. Le far west est présenté 41751_250.sous ses traits les plus sauvages. Le pays, à l'aube du 20ème siècle, voit les morts s'empiler aux coins des rues. La justice individuelle vient tacher de sang les premières heures d'une nation courant après la civilisation.

Dans la lignée de westerns spirituels tels Little big man ou Jeremiah Johnson, On a tué Wild Bill impressionne par son scénario intense et une réalisation graphique d'Hermann richissime. Un très beau one-shot, très certainement plus marquant encore que ses cousins Manhattan Beach 1957, Liens de sang ou Caatinga.