7/10Dantès - Tome 1 - La chute d'un trader

/ Critique - écrit par riffhifi, le 23/09/2007
Notre verdict : 7/10 - Quand on descend dans l’enfer de Dantès, on entend monter Cristo… (Fiche technique)

Tags : tome dantes trader boisserie pierre alexandre chute

Une première partie tendue et bien menée, qui annonce clairement une suite sous la forme d'une vengeance saignante. Les classiques ont la vie dure.

Le nom de Dantès vous est familier ? C'est normal, vous l'avez rencontré dans le roman d'Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo ; sauf que là, il s'agissait d'un Edmond Dantès du XIXème siècle, alors qu'ici il est question d'un Christophe Dantès de la fin du XXème... Qu'importe : l'histoire est la même, transposée dans le monde de la bourse.

Christopher Dantès est un personnage mystérieux, avidement guetté par la presse people lorsqu'il se montre à une soirée de gala en mai 2000. Croisant quelques personnages qu'il semble reconnaître, il sourit à son épouse pendant que le lecteur remonte le temps : en 1988, Alexandre est trader. Propulsé à un poste clé sans trop savoir pourquoi, il va bientôt se retrouver enferré dans une machination diabolique orchestrée par ceux qui se prétendent ses amis...

La Bourse ou la vie

Une vie très trader
Une vie très trader
Pour le lecteur peu familier du monde de la Bourse, Dantès peut rebuter. Avec des répliques comme « vous me faites un appel de fonds du montant des contrats pour pouvoir couvrir mes positions de fin de mois », il faut avouer qu'il y a de quoi tourner les talons. Pourtant, la lecture de l'album ne souffre pas de ce langage abscons et des agissements parfois mystérieux des traders. L'idée forte ici, c'est l'adaptation du roman d'Alexandre Dumas dans un contexte inattendu. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'histoire ne se démode pas : la trahison est malheureusement un thème intemporel, et l'étau qui se resserre autour d'Alexandre (notez le choix malicieux du prénom) est montré de façon suffisamment subtile pour que le lecteur en prenne conscience sans que le personnage se doute de ce qui lui arrive. Le récit est mené de façon exemplaire, le domaine boursier n'étant finalement qu'un prétexte, un décor pour la tragédie. Néanmoins, pour le lecteur curieux, un bref lexique en fin d'album explique les termes employés par les traders. En parlant de vocabulaire, on remarquera que les dialogues s'ingénient à éviter toute vulgarité excessive et s'interdisent d'employer des termes directement liés au sexe ou à la drogue, bien que les évènements y aient manifestement traits. On ne parle pas de cocaïne mais de poudre, et la blonde allumeuse qui traîne Alexandre dans son lit ne retire jamais le haut. Une pudibonderie étrange dans la mesure où l'album a peu de chances de tomber entre des mains enfantines, mais qui a l'avantage de placer Dantès à l'abri de toute accusation de racolage...

Un climat de confiance...
Un climat de confiance...
Erik Juszezak met l'ensemble en images d'un trait précis et élégant. La reconstitution des années 80 est minutieuse mais pas ostentatoire : on repère simplement de vieux modèles de voiture et d'ordinateur dans le décor. Très classe.
Les personnages quant à eux sont expressifs mais un brin figés, et Juszezak semble plus à l'aise avec les protagonistes masculins qu'avec les femmes : un coup d'œil à Cathy page 44, Lucie Mondran page 45 et Marion Tagher page 47 permet de constater qu'il s'agit basiquement du même visage orné de trois coiffures différentes. Mais l'essentiel est que la lecture reste claire et agréable, entièrement au service du scénario.

Une première partie tendue et bien menée, qui annonce clairement une suite sous la forme d'une vengeance saignante. Les classiques ont la vie dure, et tant qu'à choisir une adaptation de Monte Cristo, on préfèrera largement cette bande dessinée plutôt originale au téléfilm navrant que TF1 a commis il y a quelques années avec Gérard Depardieu.