9/10Bitch Planet - Tome 2 - President Bitch

/ Critique - écrit par Maixent, le 17/09/2017
Notre verdict : 9/10 - Mutinerie (Fiche technique)

Tags : bitch tome comics planet manga pages kelly

Vers la liberté.

Deuxième opus de la saga futuro-féministe Bitch Planet qui poursuit dans sa lancée politique et engagée, toujours avec talent et humour, ce qui n’exclue pas la violence d’une misogynie radicale et d’un monde détestable d’intolérance.


Révolte

 

L’album est construit en deux parties.

La première revient sur l’enfance de Meiko Maki et les raisons de sa présence sur Bitch Planet, assassinée à la fin du premier tome par un gardien un peu trop zélé. On la voit évoluer dans un milieu progressiste, entourée d’une mère musicienne et d’un père ingénieur, travaillant sur les plans de ce que deviendra plus tard Bitch Planet. Or il s’avère que pour contrer l’ordre établi, ce dernier a volontairement trafiqué les plans afin que le projet ne puisse aboutir. Découvert par un collègue, arriviste pervers et manipulateur, cela conduit  à l’éclatement de la famille Maki et plus tard à l’arrestation de Meiko pour meurtre. Et pourtant  on ne peut en vouloir à cette dernière. Le scénario et les prises de position sont assez bien définis pour que le lecteur comprenne les enjeux et se place instinctivement du côté des « rebelles »
Comment reconnaître une méchante féministe

 

La deuxième partie est dans la continuité du premier tome. On y retrouve le père de Meiko, en visite sur Bitch Planet pour, officiellement, des travaux d’aménagement, mais, officieusement pour retrouver sa fille et tenter de mettre fin à cette aberration. S’en suivent une série d’émeutes, qui permettent de découvrir la présidente Eleanor Doane, meneuse du mouvement féministe, sorte de croisement entre Simone Veil et Nelson Mandela que tous croyaient morte et enterrée et qui va reprendre son rôle de leader. En parallèle d’autres histoires suivent leur cours, développant la psychologie des personnages et dénonçant chaque fois l’intolérance envers la différence. On se rend compte par exemple que les transgenres sont aussi envoyés sur Bitch Planet. Ce qui est rassurant c’est que l’insurrection commence à prendre de l’ampleur également sur Terre, mais que celle-ci ne peut que se faire dans la violence.

Toujours avec intelligence dans la narration et le graphisme, les auteurs développent un univers complexe et engagé. L’utilisation de fausses pubs et tracts par exemple, intercalés dans le récit, permet de mieux comprendre ce monde dystopique, avec un humour grinçant. Comme cette description de la féministe à la manière du dessinateur Salch, à la fois tragique car illustrant une vision tellement étriquée de la femme, mais aussi comique pour les même raisons.

Bitch Planet reste un excellent récit, prenant et angoissant, rappelant que la bande dessinée peut aussi faire passer un message fort et juste.