Beast - Tome 3 - Tône-Teht, le passeur d'âmes
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 16/08/2010 (Tags : passeur jeunesse beast livre jeux paris comics
Ce troisième et dernier album se fond et conclue à merveille cette série, en en respectant le style, la philosophie et le rythme.
En fuite face à des droïdes un rien susceptibles, la jeune coalition des dieux animaux et de leurs humains de compagnie décide de prendre possession de la Cité Machine, pour mettre, une fois pour toute, fin à l'invasion mécanique. C'est donc à la faveur d'un troupeau de bison, dont la multitude brouillera leurs signatures thermiques qu'ils parviennent à pénétrer la Cité. Pourtant, ce tour de force réussi, les choses ne seront pas aussi simple que ce à quoi nos héros pouvaient s'attendre. Premièrement, la belle unité affichée commence à montrer des signes de faiblesse. Deuxièmement Tône-Thet, le dieu serpent, n'a pas signé la trêve et est bien décidé à manifester toute sa puissance pour stopper Nay.
Face à la bonne originalité du scénario, et porté par l'affection née des deux tomes précédents, on ne saurait pourtant faire l'économie d'un
reproche, dont les prémisses apparaissaient déjà dans le tome 2, à savoir une exposition parfois maladroite de la complexité du récit. En effet, dans cette histoire, les dieux et leurs humains de compagnie, ne créant au final qu'une seule entité, résultent en une multitude de noms. Tant et si bien qu'à certains moments, et plus particulièrement au début quand on reprend l'histoire, on est un peu paumé entre toutes ces appellations. Mais en plus de cela, vient s'ajouter le concept intellectuel qui sous-tend toute l'intrigue et dont les aboutissants ne nous sont dévoilés que maintenant. Bref, au milieu de toutes ces informations, on se sent un peu perdu, et parfois obligés de revenir en arrière. Cela finit par nuire à la fluidité d'ensemble, pourtant impulsée par le découpage dynamique et clair de l'action, toujours du fait de l'illustration irréprochable de Guerrero.
Ceci étant dit, on retiendra la bonne gestion des enchaînements entre les scènes, une qualité égale dans les passages d'action, une clarté préservée permettant une lecture simple des évènements et toujours un style graphique aux petits oignons. Bref, les mêmes éléments qui nous faisaient apprécier les livres précédents. On sera
d'autant plus indulgent que cette fable écologique où se mêle, tout bien considéré, une foule de concepts déjà vus (les ennemis d'hier qui se liguent pour faire face à un ennemi commun, l'enfant prodigue aux pouvoir supposément salvateurs, l'opposition des forces mystiques et mécaniques), porte une fin surprenante, loin de s'accorder avec ce que la lecture nous laisser voir venir.
Pour cet espoir déçu, mais suivant pourtant une logique interne incontournable, et ce dans le droit fil des albums précédents, on pourra reconnaître à cet opus un rôle de conclusion fort bien tenu, héritant du talent de ses aînés. L'enchaînement des trois tomes aurait d'ailleurs constitué un one-shot, certes un peu épais, mais tout à fait digne, tant chaque épisode semble respecter le même rythme. On n'a pas l'impression, par exemple, que le tome 2 traîne, pour ne pas en dire trop mais quand même respecter le format de 48 pages, et que le dernier tome se dépêche d'exposer tout ce qui lui reste sous la pédale, pour tout raconter selon les mêmes contraintes de format. C'est donc aussi en tant qu'ultime épisode, touche finale d'une série à l'ensemble alors cohérent, qu'on attribuera à ce livre des bons points supplémentaires.