L'espionne
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 04/09/2022 (Tags : espionne coelho livres femme litterature guerre livre
Espionnage pornographique
Toujours dans une démarche documentaire et patrimoniale, La Musardine poursuit la réédition des albums de Coq dans de grands albums mettant en avant le travail de cet incontournable de la fn du XXème siècle. Ainsi, on a pu redécouvrir les « Aventures de Karine » dans Le Directeur, La Secrétaire et La Directrice. Pour continuer dans les clichés de l’imaginaire érotique, quoi de plus naturel que de publier maintenant L’Espionne, première incursion de l’auteur en territoire érotique, publié originellement en 1994.
Ce message s'autodétruira...
L’agent X-021 est une sorte de 007 avec tout ce que cela comporte d’invraisemblance et dont les missions vont être assurées quoi qu’il arrive. Mais là où James Bond se contentera de séduire pour parvenir à ses fins, Elisabeth n’hésite pas aller beaucoup plus loin et à donner de sa personne. Sa mission, si elle l’accepte (et c’est toujours le cas), est cette fois d’enquêter sur une mystérieuse secte aux pratiques sexuelles extrêmes qui s’est rendue coupable de plusieurs enlèvements. En effet, lorsque son supérieur (sorte de M au physique de Lord Varys la castration en moins), lui propose cette mission elle n’hésite pas une seule seconde, tant par professionnalisme que par goût naturel pour la débauche. Elle intègre donc le monde de la pornographie, prétexte à de nombreuses scènes hard afin de se distinguer et d’être à son tour enlevée volontairement par la fameuse secte sans vraiment réaliser qu’elle accède à un tout autre niveau de perversions qui mettront sa vie en danger et son anus à mal...
Tenue camouflage pour nouvelle mission
Malgré une cohérence globale avec les autres albums de l’auteur due à un travail éditorial de qualité et une recolorisation de l’ensemble, L’Espionne a un côté plus brouillon dans le dessin. Si on reconnaît bien le style, les ombres et les détails sont plus flous et moins travaillés. Elisabeth apparaît ainsi comme une ébauche de Karine qui deviendra la véritable star de l’œuvre de Coq. D’autant que les deux personnages se ressemblent beaucoup physiquement, à part le fait qu’elles ne portent pas le même style des lunettes. Beaucoup de similitudes aussi dans leurs caractères, ce qui confirme bien que Karine est la version 2.0. Malgré tout, revenir aux origines apporte un certain charme en dépit des faiblesses du dessin, en comparaison aux albums suivants. Pour ce qui est du scénario par contre, peu d’évolutions, il est toujours très basique avec un petit twist à la fin et seulement quelques scènes clés, prétexte à une sexualité directe.
S'investir dans son travail
Reste que les héroïnes de Coq ne sont pas seulement des sex-toys. Si elles sont souvent victimes de porcs qui les violentent, elles ressortent triomphantes. Attaquées dans un monde violent et machiste, elles parviennent toujours à s’en sortir même si elles doivent pour cela subir de « frénétiques pénétrations » ou « subir les pires assauts jusque tard le soir ». A la différence de bien des personnages de bande dessinée érotique, surtout de cette époque, les héroïnes de Coq sont bien caractérisées et malgré l’aspect pornographique évident, elles ont « réussi l’amalgame de l’autorité et du charme ». Un côté féministe donc, mais plutôt à la Sardou et ce que cela implique de daté…
La lecture n’en reste pas moins agréable malgré un côté daté et un peu série B en plus de quelques faiblesses tant au niveau du dessin qu’au niveau du scénario. Se dégage une forme d’indulgence pour une œuvre de jeunesse qui d’ores et déjà maîtrise un style reconnaissable et un érotisme efficace.