Delcourt : Homme de l’année 1894, lignes de front T3 et Wonderball T1

/ Critique - écrit par plienard, le 27/10/2014

L’homme de l’année, 1894, tome 7 – note 5.5/10

La série thématique l’Homme de l’année continue son exploration historique plus ou moins véridique des hommes inconnus qui ont fait l’histoire. Le soldat inconnu, (tome 1), l’homme qui cria « merde » à Waterloo (tome 2), celui qui tua le Che (tome 3), etc .. ,  tous sont des illustres inconnus qui ont ou auraient pu exister. Cette fois, l’homme en question n’est pas un inconnu, pour le peu que l’on se soit intéressé à l’affaire Dreyfus. Il s’agit de l’espion Esterházy, celui qui trahissait la France pour le compte de l’Allemagne et qui laissa accuser l’innocent Dreyfus.


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L’album retrace la vie de cet étrange personnage ayant un certain aplomb, plutôt intelligent – il parle de nombreuses langues étrangères – et soumis au démon du jeu. Contraint de rembourser de grosses dettes, il va alors monnayer ses connaissances à l’ennemi d’autant plus facilement qu’il travaille pour l’armée française. Mais l’album ne se résume pas à ce personnage. Il revient sur toute une époque et ambiance où la montée de l’antisémitisme et les scandales gangrènent la France et les français.

Les auteurs nous font une étude historique et sociétale d’une époque afin d’expliquer l’affaire Dreyfus ce qui donne parfois l’impression qu’ils s’éloignent un peu du sujet. Bien que l’album soit intéressant, il perd alors son côté divertissant.

 

 

Lignes de front, tome 3 – note 5,5/10

Troisième album d’une série qui met en scène plusieurs personnages qui se sont rencontrés aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et qui se retrouvent à divers moment de leur existence pendant le second conflit mondial.


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L’australien Yates est en plein désert saharien. Il a rejoint les scorpions du désert, contraint et forcé, pour éviter de finir en prison. Ils détruisent les aérodromes allemands et au cours d’une expédition, il va retrouver le français Milou, engagé dans les forces françaises libre de Leclerc.

La série perd un peu de son énergie initiale avec cet album. Car à vouloir aller trop vite, Jean-Pierre Pécau en oublie de nous intéresser. Associé au serbe Branislav Kerac, dit Brane, qui signe sa première bande dessinée franco-belge, l’album est plutôt de bonne facture. Le dessin est agréable, les personnages, un brin sympathiques, cherchent tout le temps à s’asticoter. Pourtant, le récit est trop rapide. Les personnages font preuve d’une chance insolente, peu crédible, lorsqu’ils sont perdus dans le désert ou lorsqu’ils pourraient être à la merci des avions de chasse allemands. Le parti pris de faire de Yates un drogué fonctionne à peine. On ne rentre jamais dans le détail, d’une opération ou d’un personnage. On reste  déçu par ce troisième album.

 

Wonderball, tome 1 – note 6/10

Wonderball, c’est un peu l’adaptation en bande dessinée de l’inspecteur Harry. Un sale con de flic aux méthodes brutales mais qui reste efficace et qui est sans doute le seul à même de mener certaines enquêtes.


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Ici, l’inspecteur Spaddaccini a acquis son surnom de Wonderball à force de bouffer ces sortes de Kinder surprise ©. Ancien flic de la garde rapprochée du président Kennedy, il ne s’est jamais vraiment remis de l’attentat de dallas. Et lorsqu’un tireur fou abat neuf personnes dans la rue en dix secondes avec le même type de fusil que Lee Harvey Oswald, le passé ressurgit aussitôt.

Si ce premier tome sert plutôt d’introduction et de présentation du personnage principal, et de la mise en place de l’intrigue générale, on serait tenter de dire que ce qu’on nous propose est du déjà-vu, déjà-lu. Mais Jean-Pierre Pécau et Fred Duval ont ce talent de faire du neuf avec du vieux. Ils réussissent à rajouter ce petit ingrédient nécessaire pour que le lecteur soit dépaysé. Et si je vous dis que cet ingrédient c’est la boule de chocolat ! Et pour comprendre toute la subtilité de cette affirmation, je vous invite à lire l’album.

Au dessin, on retrouve Colin Wilson, un fidèle du duo Pécau-Duval car il a déjà travaillé sur les tome 5 et 10 de Jour J, leur série uchronique. Un dessin sombre dans lequel les regards des personnages sont souvent absents.