Boîte à bulles : Sanseverino est Papillon, Doigts d’honneur

/ Critique - écrit par plienard, le 27/01/2016

Un livre musical réussi et un livre coup de poing qui fait réfléchir, c’est un début d’année 2016 en grande forme pour les éditions de la Boîte à Bulles.

Sanseverino est Papillon – note : 7/10

Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le titre de cet album. Sanseverino, le célèbre chanteur et incroyable joueur de guitare, se prend pour le célèbre bagnard Papillon ? Pour ma part, le bagnard dont il est question, de son vrai nom, Henri Charrière, et qui devait son surnom « à cause du tatouage qu’il a sur le plastron » a été rendu célèbre par l’interprétation de Steve Mc Queen.


©Boites à bulles éditions 2016.

Alors Sanseverino se prend-il pour Steve Mc-Queen ? En l’occurrence, non. Il se prend pour le chanteur qu’il est, et il nous livre quelques bonnes chansons. Sorti en 2015, la bande dessinée vient compléter cette drôle d’identification. Elle est signée Cécile Richard pour l’adaptation et Sylvain Dorange pour le dessin.

Un album BD/CD, donc, à lire et à écouter, un peu comme La Fille de Christophe Blain en 2013. Un exercice difficile et périlleux que celui de rassembler le 9ème et le 4ème art, mais que les auteurs et le chanteur réussissent plutôt bien.

L’album (BD) est découpé en autant de chapitres qu'il y a de chansons dans l’album CD avec une première case et une bulle géante reprenant le texte de la chanson et résumant le chapitre à suivre. Le chanteur apporte toute son énergie et sa gouaille à l’histoire. Le dessin de Sylvain Dorange rend bien cette ambiance du début du siècle avec des couleurs dans un ton sépia et dans un style proche du naïf. L’adaptation de Cécile Richard est réussie et marque bien les différentes étapes de la vie (romancée) d’Henri Charrière.

 

 

Doigts d’honneur – note : 7/10

Layla est une jeune égyptienne et est lasse de cette révolution qui ne finit pas. Nous sommes en juin 2013, deux ans après la chute de Moubarak, l’Egypte est encore dans la rue. Bon gré, mal gré, elle accepte d’accompagner son ami d’enfance, Asim, venu la chercher pour se rendre sur la place Tahrir. Grisée par ce nouveau vent de liberté, et malgré les rumeurs d’agressions sexuelles, elle revient par la suite jusqu’au moment où une main l’attrape par le foulard. La voilà entourée d’hommes qui la déshabille et la violente dans la foule.


©Boites à bulles éditions 2016.

 

Fantastique album de Ferenc et de Bast qui nous dévoile les dessous d’une société égyptienne pas très reluisante. Si dès la première page, on comprend que le respect de la femme n’est pas ancrée dans l’éducation des jeunes hommes, le reste de l’album est accablant. Paroles sexistes, mains aux fesses, et certains hommes qui se frottent contre les jeunes femmes dans les transports bondés, cette société est gangrénée jusque dans la famille qui redoute la honte si leur fille va porter plainte pour avoir été violée.

Cette société se retrouve fasse à un énorme challenge et le chemin pour les femmes s’annonce très long. Et si cet album est révélateur du comportement abject d’une partie de la société, il a aussi le mérite de nous faire poser la question : est-ce aussi atroce chez nous ? J’ai envie de dire que non, mais quelques témoignages d’amies sur quelques expériences dans le métro m’empêchent d’être totalement serein dans ma réponse. Et vous qu’en pensez-vous ?