Ballistic
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 06/04/2018 (Tags : ballistic ods daccess europa anglais missile missiles
Une uchronie violente et déjantée
Bienvenue à Repo City, une ville futuriste corrompue tenue par différents gangs mafieux aussi pourris les uns que les autres. Dans cet enfer cyber-punk grand-guignolesque, Butch, le réparateur d’air conditionnée va tenter de créer son trou sans creuser sa tombe, armé de son fidèle ami, Bang-Bang.
Welcome to the jungle
Un pitch complètement déjanté pour un univers sordide et ultra-violent. Visuellement, on est dans le crasseux d’une ville organique devenue incontrôlable rappelant les métamorphoses nocturnes de Dark City ou l’aspect morbide et esthétisant des films de Darren Lynn Bousman mais envahis par une jungle démente plus proche de l’onirisme angoissant des Garçons Sauvages de Bertrand Mandico. Le tout recouvert d’une trainée flashy avec un excellent choix de couleurs qui agressent le lecteur à chaque page, comme la ville agresse ses occupants. A côté, Gotham ressemble à une Venise romantique et fantasmée. Une ville bouffée par le progrès à l’instar de ses habitants, complètement contrôlés par une technologie organique qui a pris leur place.
Big Brother is watching you
Butch, relié à Bang-Bang, son flingue bio-mécanique à la personnalité bien trempée, par un cordon ombilical semblable à celui de Jude Law dans EXistenZ n’est au départ qu’un minable parmi tant d’autres. Mais souhaitant s’élever dans les hautes sphères, il se lance dans le grand banditisme avec une tentative de casse du siècle avortée. S’étant défoncés la veille avec leurs copines, les deux héros arrivent complètement fracassés le lendemain à la banque, et le bad trip de Bang-Bang ne lui permet plus de tirer. Ceci n’est que le début d’une aventure survoltée, Butch perd sa main et se retrouve avec Bang-Bang greffé à son bras tel Ash allant affronter les « deadites », puis on se rend compte que Bang-Bang est plus qu’un simple flingue parlant, ce qui amènera Butch à renverser le netocrate fou qui allait détruire la ville.
Butch, sa copine et son meilleur pote
Darick Robertson poursuit son œuvre nihiliste superbement rendu dans Transmetropolitan à travers le journaliste Gonzo Spider Jerusalem et The Boys qui mettait à mal le mythe du super-héros. Plus qu’une histoire, souvent complexe et même parfois trop barrée pour qu’on puisse la suivre, il nous amène dans une ambiance avec une violence excitante et des poussées d’adrénaline palpables façon Hyper tension mais avec plus de talent. Le tout servi par des dialogues au cordeau qui ne s’embarrassent pas du politiquement correct et une moralité tout simplement inexistante. Cependant tout l’album à un sens et une cohérence, dénonçant une société qui n’est finalement pas si loin de la notre.
Buddy movie graphique, Ballistic oscille sans cesse entre le grotesque, le gore et la prise de position. Que dire d’un ouvrage où l’on peut trouver des restaurants proposant de la viande humaine clonée en sauce piquante, des voitures avec des ailes de chauve-souris et où un yakusa peut être croisé avec un gecko ? Une seule chose, il faut absolument le lire…