5/10Alix - Tome 26 - L'ibère

/ Critique - écrit par riffhifi, le 18/11/2007
Notre verdict : 5/10 - L'ibère sera rude (Fiche technique)

Tags : alix tome martin jacques livres manga jeunesse

Bientôt soixante bougies pour la série historique de Jacques Martin. Un petit coup de fatigue peut-être ?..

Alix, c'est un monument de la bande dessinée. Créée en 1948 par Jacques Martin, la série s'apprête à fêter ses soixante ans d'existence ! Toujours chapotée par son créateur (le Jacques Martin qui est mort, c'est l'autre), elle est néanmoins produite aujourd'hui par une équipe de quelques auteurs (neuf pour ce nouvel album si on compte les coloristes !) qui perpétuent la tradition d'aventures familiales et historiques qui a fait le bonheur de plusieurs générations de jeunes lecteurs. La série principale atteint aujourd'hui les 26 tomes, égalant ainsi la collection parallèle Les voyages d'Alix, qui présente à travers le personnage les peuples de l'Antiquité (les Étrusques, les Aztèques, etc.).
Pour rappel, Alix est un jeune Gaulois qui n'a pas résisté bien longtemps à l'envahisseur et à son goût pour les toges sensuelles ; on a d'ailleurs beaucoup glosé sur ce personnage de jeune éphèbe régulièrement montré quasi-nu et perpétuellement accompagné de son compagnon égyptien Enak, qui aime exhiber son torse et se faire toucher l'épaule. Sous-texte homosexuel ou pas, il faut se souvenir que le Romain de l'époque avait sans doute des mœurs comparables à ceux des Grecs en matière de sexualité, et que l'homosexualité n'est devenu un véritable tabou en Occident qu'à l'apparition du christianisme, ne redevenant une pratique acceptable qu'à la fin du XXème siècle...

L'Ibère, c'est un habitant d'Hispanie. Ici, il ne s'appelle pas Soupalognon y Crouton mais Tarago, un fier guerrier du pays actuellement connu pour ses corridas et ses paëllas. Tellement fier d'ailleurs, qu'il se trouve obligé d'affronter Alix plutôt que de se soumettre à Jules César. Les deux hommes ont pourtant suffisamment de respect mutuel pour vouloir éviter de faire couler le sang. Mais à la guerre comme à la guerre...

On danse ? © Casterman
On danse ?
Près de quarante ans après Astérix, cet "Alix en Hispanie" arrive un peu après la bataille. Les ibères sont fiers, d'accord, mais Goscinny et Uderzo les décrivaient avec autrement plus d'humour que l'équipe d'Alix. Il faut dire que la saga, dont le charme était incontestable il y a trente ans, perd nettement de son attrait depuis que Jacques Martin en lâche progressivement les rênes. Les deux scénaristes Maingoval et Patrick Weber se dépatouillent comme ils peuvent de cette énième histoire de guerre romaine, tandis que le dessinateur Christophe Simon, qui en est à son septième album d'Alix depuis 10 ans, livre un travail appliqué mais dont la fraîcheur est un peu altérée par une colorisation trop « moderne » par endroits (en même temps, cinq coloristes pour un album de 46 pages, était-ce bien raisonnable ?). Peu de grands décors ou d'inventivité, le dessin n'est là que pour accompagner l'histoire, composée essentiellement de clichés fatigués.


Alix
, depuis quelques années, est une série qui a fait le tour de l'époque qu'elle traite ; peut-être faudrait-il arrêter les frais avant qu'on ne la regarde avec le même air navré qu'un Astérix plombé par un lot de très mauvais derniers albums. Ici, c'est encore tolérable, mais pour combien de temps ?..